S’il pouvait y avoir des sous-titres, ce serait "même pas mal, et silence dans les rangs". Avec cette interview-fleuve, Emmanuel Macron remet les points sur les i. Une interview longue, qui atteste qu’il a bien compris qu’il doit expliquer aux Français ce qu’il veut faire alors que depuis plusieurs jours, certains conseillers le pressaient de le faire. Il le fait, mais à sa manière, par l’écrit, comme s’il voulait au fond gommer la forme d’une interview télé pour faire ressortir le fond et rappeler à quel point pour lui les mots et une pensée développée – complexe, diront certains – lui importent. Deux heures et demi d’entretien, ce n’est pas anodin. Il a pris son temps pour expliquer la politique menée.
Emmanuel Macron se remet en mode campagne : il veut briser les codes, les totems, les tabous. Cette petite phrase qui fait énormément parler et va créer de la polémique : les jeunes sont souvent plus pauvres que les retraités. Cela veut dire que toute une politique va découler de cela, en assumant que les retraités paieront plus… Il dit depuis longtemps que la France est une sorte d’exception dans l’OCDE puisque c’est un pays qui met ses retraités à un niveau de vie beaucoup plus puissant que les actifs, et pour lui c’est une anomalie.
Il veut inverser toute la manière de gérer et gouverner la France. Il le dit de cette façon-là, en disant qu’il demande du temps, qu’il faudra un an et demi voire deux ans avant que cela n’infuse. "Je sais que je vais vivre avec l’impatience des Français" : c’est l’autre phrase qui jalonne et structure cet entretien, pour bien montrer qu’il a compris la situation, mais qu’il a quand même besoin d’un certain temps pour pouvoir mener sa politique.
Bien évidemment, la politique n’est pas absente dans cette interview. Il envoie un missile à Jean-Luc Mélenchon, et surtout donne l’argumentaire qu’on lui avait préparé pour répondre à François Hollande. Il le recadre en disant qu’il serait bien étrange que l’impossibilité qui a été la sienne de défendre son bilan devant les Français lui donne maintenant la tentation de le justifier devant les journalistes.