3,5%. C’est, en moyenne, la part d’employés en situation de handicap dans les entreprises de plus de 20 salariés aujourd’hui en France, alors que la loi fixe le seuil minimal à 6%. Pour remédier à cela et favoriser l’embauche de travailleurs handicapés, Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, planche actuellement sur une loi qui devrait simplifier la donne pour les entreprises. "Dans la grande loi liberté de choisir son avenir professionnelle, nous avons fait un vrai focus emploi et handicap avec Muriel Pénicaud en simplifiant les déclarations pour les entreprises. C’est très important car c’était un vrai maquis administratif. Nous bonifions aussi les contrats d’apprentissage handicapés. Aujourd’hui, seuls 1% des jeunes handicapés sont en apprentissage, alors qu’on sait qu’à 70%, ça débouche sur de l’emploi durable", annonce-t-elle au micro de Sud Radio ce mardi.
"Seulement 3% du métro parisien est accessible aujourd’hui"
Pour Sophie Cluzel, "le travailleur handicapé a besoin de monter en qualification". "Parce qu’il a subi trop de ruptures de parcours et qu’il est éloigné de l’emploi par manque de qualifications, il bénéficiera des 15 milliards du plan compétences que l’on met en place avec Muriel Pénicaud», ajoute-t-elle. La secrétaire d’État s’est par ailleurs également émue de l’accessibilité très insuffisante du métro parisien, qui devrait toutefois subir un sérieux lifting dans les années à venir. «Il n’est pas adapté ni aux handicapés, ni aux personnes vieillissantes, ni à celles avec des énormes valises. Nous n’avons que 3% du métro parisien qui est accessible aujourd’hui. C’est un métro très ancien, avec des problèmes techniques colossaux et des investissements énormes qu’il faudrait faire. Nous travaillons avec Elisabeth Borne, le préfet de police de Paris et les pompiers pour améliorer cette accessibilité. Ça se traduira par un vrai plan. Il y a un audit en cours dans le cadre de la loi olympique et paralympique. Ces Jeux sont une chance inouïe pour booster cette accessibilité", se réjouit-elle.
Sur un plan plus politique, Sophie Cluzel a par ailleurs balayé les récentes attaques formulées contre Emmanuel Macron (coût de la vaisselle de l’Élysée, piscine hors sol à Brégançon, réception techno dans la cour de l’Élysée pour la Fête de la musique…). "Cette Fête de la musique, c’est la preuve que le Président veut parler à tous les Français. Quand je me déplace avec lui, je vois bien le nombre de selfies, il est sollicité par tous les Français ! Pour moi, il n’y a donc aucun problème là-dessus, c’est vraiment la patte du président de parler à tous les Français, quelles que soit leurs origines et les valeurs qu’ils représentent. Je pense que ces sujets n’intéressent pas les Français, c’est un peu l’écume parisienne", lance-t-elle, préférant accorder plus d’importance au déplacement du président de la République au Vatican aujourd’hui.
"La rencontre entre Emmanuel Macron et le pape François va être intéressante"
"C’est une première rencontre qui va être très intéressante. Il y aura des échanges assez profonds, je pense, sur la vision de notre société et la vision de l’Europe. En ce moment, l’Europe bascule et se déchire un peu. Il est temps de reprendre un vrai projet européen. Le pape est tout à fait dans son rôle de porter une vision humaniste de l’accueil de tous. Être chanoine de Latran ? Ça fait partie d’une grande tradition, et nous sommes dans la tradition", déclare-t-elle.
Enfin, Sophie Cluzel a répondu aux nouvelles attaques du ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, qui a clamé qu’Emmanuel Macron était 15 fois plus méchant que Viktor Orban sur la question de l’accueil des migrants. Pour elle, c’est bien à l’Italie d’accueillir le bateau Lifeline, actuellement en Méditerranée avec de nombreux migrants secourus à son bord. "Ce bateau est encore dans les eaux internationales. Il y a des lois, des réglementations. L’Italie est le pays le plus proche. Tenons-nous à la réglementation, sinon on dérégule complètement notre politique d’immigration. Bien sûr que l’humanitaire entre en ligne de compte, on les accueille bien quand ils sont là. (…) La Corse est sur une position assez facile en disant oui oui oui, tout en sachant très bien qu’il y a des règles et que c’est à l’État de donner son accord. On peut faire des annonces, mais quand elles ne sont pas réalisables, ça ne sert pas à grand-chose. La France n’a pas à rougir de sa politique",, martèle-t-elle.
Réécoutez en podcast toute l’interview de Sophie Cluzel dans le Grand Matin Sud Radio