Sur 12 millions de personnes touchées par le handicap en France, près de 500 000 sont au chômage, soit un taux de quasiment 19%. "C’est le double de la population valide. C’est un vrai sujet et ça ne s’améliore pas", déplore au micro de Sud Radio la secrétaire d'État auprès du Premier ministre chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel. "L’obligation légale aujourd’hui, c’est 6% de personnes handicapées dans les entreprises. Aujourd’hui, on est à 3,5%, et ça date de 1987. J’ai fait le calcul : il nous faudrait 26 ans pour atteindre les 6%... On a donc beaucoup de travail et il faut booster les choses. Arrêtons d’être coercitifs et soyons incitatifs. La coercition ne marche pas. Il faut donner envie aux chefs d’entreprises, faire cette rencontre avec les personnes handicapées, les regarder différemment, avec leurs compétences, avec ce qu’elles peuvent apporter à l’entreprise et non pas avec leur charge", ajoute-t-elle.
"Montrer aux entreprises que ça peut être un plus"
Soulignant la bonne volonté de certains secteurs en pointe comme la grande distribution ou les collectivités territoriales, Sophie Cluzel appelle à porter un autre regard sur les travailleurs handicapés. "Il faut montrer aux entreprises que ça peut être un plus, en commençant par réaliser que les personnes handicapées peuvent travailler différemment. Quand je discute avec des patrons et des DRH qui se sont lancés dedans, ils voient une augmentation de leur qualité au travail et des salariés qui sont fiers. Les entreprises cherchent comment faire vivre leur responsabilité sociétale. Voilà un bon moyen", martèle-t-elle avant de mettre également l’accent sur le rôle de l’éducation et de la formation.
"Il faut monter en qualification les personnes handicapées, dont les chômeurs sont deux fois moins qualifiés que les chômeurs valides. C’est pour cela que nous nous sommes engagés avec Muriel Pénicaud, Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal pour la réforme de l’apprentissage, qui est un levier majeur pour les jeunes handicapés. Seuls 1% d’entre eux sont en apprentissage, alors qu’il conduit dans 70% des cas à un emploi stable. Il y a là un vrai levier", assure-t-elle.
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— Sud Radio (@sudradio) 15 novembre 2017
"Il faut citer les entreprises vertueuses"
Enfin, alors que les entreprises pratiquant de la discrimination à l’embauche pourraient prochainement être épinglées publiquement par le gouvernement, Sophie Cluzel prône l’approche inverse. "Je préfère le name and claim que le name and shame. Il faut citer les entreprises vertueuses. Il faut donner envie pour résoudre ce problème. (…) Des quotas ? C’est déjà une solution depuis 1987, avec cette norme de 6% dans le public comme dans le privé. Il faut comprendre pourquoi ça ne marche pas. Et là, les entreprises nous disent qu’elles n’arrivent pas à faire du sourcing, à trouver des qualifications", indique-t-elle.
Retrouvez en podcast l’intégralité de l’interview de Sophie Cluzel dans le Grand Matin Sud Radio