Le Front national va-t-il renoncer dans son programme à la sortie de l’euro ? La question agite depuis plusieurs semaines tous les observateurs du parti frontiste, un parti qui connaît en son sein de nombreux remous internes à ce sujet. Entre une ligne souverainiste attachée à cette mesure et une ligne plus droitière et identitaire plus attachée aux idées libérales, les positions sont bien évidemment éloignées. Ce mercredi, le Figaro annonçait toutefois que le parti fondé par Jean-Marie Le Pen s’apprêtait à renoncer officiellement à ce projet. Une information qui a, sans surprise, fait réagir au quart de tour les leaders du parti.
Marine Le Pen : "Notre pays mérite de décider pour lui-même"
"Comment Le Figaro peut-il savoir et titrer cela ? Il va y avoir un séminaire, et ce séminaire va permettre d’organiser une grande consultation des adhérents du FN. Donc, avant que les adhérents aient pris position, je ne vois pas comment Le Figaro peut avoir l'outrecuidance de connaître la pensée profonde des adhérents ou des électeurs du FN", a ainsi tonné Marine Le Pen ce jeudi sur Europe 1. Si elle semble vouloir responsabiliser les adhérents du parti, Marine Le Pen a malgré tout sa propre opinion. "Je dis à l'intérieur du FN ce que je dis sur les plateaux, parce que je n'exprime que ma conviction profonde : je pense que notre pays mérite d'être souverain, parce qu'il s'est battu pour cela pendant des siècles. Il mérite de décider pour lui-même", déclare-t-elle avant d’assurer néanmoins tenir compte de "l'angoisse de [ses] compatriotes face à ce qu'il ont perçu comme une sortie brutale de l'euro, ce qui n'a jamais été le cas dans [ses] projets".
"Je vais essayer de concilier cette nécessité d’être libre chez nous, souverain chez nous, Français, et rassurer ces derniers sur cette question monétaire. Certes, ça va un peu être la quadrature du cercle, mais je suis convaincu qu'on va y arriver. (…) Nous analysons l'euro comme un échec total, nous ne sommes pas les seuls, et nous pensons que l'euro ne survivra pas. Il est condamné à terme, la question est : qu'est-ce que nous faisons, nous, dans l'attente de cette mort programmée ?", conclut-elle.
Florian Philippot persiste et signe
De son côté, le vice-président du parti Florian Philippot assure que la sortie de l’euro restera bel et bien au programme du Front national. "La sortie de l'euro ne sera pas abandonnée parce que ça a été rappelé par Marine Le Pen lors de notre dernier bureau politique il y a à peine une semaine. On peut réfléchir bien sûr à la manière d'être mieux compris sur le sujet. C'est une évidence. Mais pourquoi elle ne peut pas être abandonnée? Parce que si nous abandonnons la souveraineté monétaire, en fait nous abandonnons la souveraineté nationale", a-t-il indiqué sur LCI avant de mettre les choses au clair sur sa situation personnelle, lui qui est parfois critiqué en interne depuis l’élection présidentielle : "Je serais au Front national à la rentrée, sans aucun doute".