C’est une nouvelle affaire qui risque d’écorner encore un peu plus l’image des hommes et femmes politiques dans le pays. Ministre de la Justice de 2017 à 2017, Jean-Jacques Urvoas est aujourd’hui soupçonné d’avoir transgressé le secret de l’instruction en transmettant à Thierry Solère des informations confidentielles sur une enquête le concernant. Face au tollé suscité par ces révélations, l’ancien collègue de Jean-Jacques Urvoas, Stéphane Le Foll fait part de son incompréhension et de son indignation ce jeudi lors du Grand Matin Sud Radio.
"Je suis déçu, je suis vraiment déçu !"
"Je suis consterné. Je connais bien Jean-Jacques Urvoas. Comme député, comme homme, comme garde des Sceaux et comme président de la commission des lois, il s’est toujours positionné sur ces grands sujets d’indépendance de la justice. Tout son engagement, la manière dont il se comportait… Les journalistes qui le connaissent diront la même chose que moi. Je suis déçu, je suis vraiment déçu ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ? On peut toujours chercher une explication, mais c’est à lui de la donner. Il faut qu’il s’exprime et dise ce qu’il s’est passé. C’est une démarche qui est de toutes façons contraire à l’esprit et à la manière dont on doit concevoir l’exercice de la responsabilité. (…) Comment quelqu’un comme lui qui avait une vraie éthique a pu se laisser aller à faire une chose pareille ? Je suis consterné, il faut qu’il s’explique !", martèle-t-il au micro de Sud Radio.
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— Sud Radio (@SudRadio) 14 décembre 2017
L’ancien porte-parole du gouvernement et actuel député de la Sarthe s’est également exprimé sur l’avenir du Parti socialiste, alors que son nom revient avec insistance pour prendre la tête du parti prochainement. "Le Parti socialiste a connu une défaite sans précédent. Nous sommes aujourd’hui dans une situation où les Français se demandent où on est, il faut donc retrouver une cohérence politique. Il n’y aura pas de Parti socialiste si on n’est pas, tous ensemble, capables de se dire ce que l’on veut faire ensemble. On l’a vu : la division, la fronde, les expressions qui se sont multipliées ne donnent pas cette image de cohérence. Je veux travailler sur cette question. Après, la question de qui est à la tête du PS devra inévitablement se poser. Nous avons besoin d’une expression forte, qui nous fait défaut aujourd’hui. En début d’année prochaine, j’aurai à prendre une décision. L’objectif est bien de rassembler ce parti d’une manière cohérente, de ne pas recommencer les arbitrages qui font qu’à la fin, aucune expression n’est audible", assure-t-il.
"Le PS doit se poser les questions, et ça ne peut pas venir de François Hollande"
Ce rassemblement passe-t-il par François Hollande, jamais très éloigné de l’actualité du parti depuis quelques mois ? Stéphane Le Foll, réputé proche de l’ancien chef de l’État, semble en douter. "François Hollande fait ce qu’il a à faire, et moi je fais ce que j’ai à faire. Le PS va devoir se poser les questions, mais c’est à lui de les poser. C’est au sein de ce que nous sommes qu’on doit trouver, ça ne peut pas venir de l’extérieur, et ça ne peut pas venir de François Hollande. Il y a huit mois, il était encore président de la République et ne s’est pas représenté. On a besoin de se ressourcer. Et en même temps, je ne remettrai pas en cause la loyauté vis-à-vis de ce qui a été fait. Ceux qui pensent qu’on va pouvoir reconquérir l’électorat socialiste en faisant table rase du quinquennat Hollande font une erreur colossale", prévient-il.
L’ancien ministre de l’Agriculture (2012-2017) s’est également exprimé sur la délocalisation temporaire du gouvernement à Cahors (Lot) dans le cadre de la deuxième Conférence nationale des territoires. "C’est un coup de com’, pour montrer que ce gouvernement va à la rencontre des territoires à un moment où il a de grosses difficultés puisque visiblement l’AMF ne sera pas là. Quand vous allez dans une ville de province pour une grande conférence sur les territoires et que la première annonce qui est faite, c’est que l’AMF n’y sera pas parce qu’elle considère qu’elle est maltraitée... C’est un coup de com’, donc je n’attends pas d’annonces tonitruantes ou nouvelles. Mais cette idée qu’on est capables de se déplacer – on l’a fait avec Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault – est aussi une manière de montrer que le gouvernement à Paris est aussi celui des territoires. Mais apparemment, ça n’a pas un écho très favorable du côté des maires de France", note-t-il.
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