Un seul candidat : Christophe Castaner. Les derniers semblants de doute ont été balayés cette semaine par le parti de la majorité parlementaire, qui s’apprête à nommer l’actuel porte-parole du gouvernement à la tête du mouvement, avec l’assentiment d’Emmanuel Macron en personne. Député de la 1ère circonscription de Paris, Sylvain Maillard a réagi à cette élection attendue lors du Grand Matin Sud Radio ce vendredi. "Pour être délégué général, il fallait plusieurs qualités. Il fallait d’abord être un marcheur de la première heure, avoir la confiance du président de la République et du Conseil national, et donc incarner profondément notre mouvement. Pour moi, Christophe Castaner remplit toutes les cases. (…) Il en a profondément envie. J’étais encore avec lui il y a deux jours, il porte en lui la volonté de continuer ce mouvement et de l’intensifier. C’est un excellent candidat", assure-t-il.
Quant à la polémique suscitée par un éventuel cumul des fonctions au sein d’un mouvement qui prétendait pourtant changer la manière de faire de la politique, elle est balayée d’un revers de main par Sylvain Maillard. "Rien n’est tranché pour le moment. Il y a deux possibilités : ou bien il quitte le gouvernement et redevient député dans sa circonscription très lointaine du sud-est, ou bien il quitte son poste de porte-parole du gouvernement mais garde sa fonction de ministre en charge des relations avec le Parlement. Ça me semblerait d’ailleurs assez cohérent car ça lui permettrait d’être en lien direct avec le groupe parlementaire LREM. La fonction de délégué général d’En Marche n’est d’ailleurs pas rémunérée statutairement. Il faut donc de toutes façons exercer un autre métier", indique-t-il.
"Il y a eu une taxe mal construite et mal faite"
Celui qui avait été élu dès le premier tour aux dernières législatives à Paris a également réagi à "l’affaire" de la surtaxe de certaines entreprises, qui réclament près de dix milliards d’euros de remboursement à l’État. "Bruno Le Maire a été très clair hier en commission des finances en expliquant qu’il y a eu une taxe mal construite et mal faite, qui nous oblige maintenant en tant qu’État français à être sous la condamnation de la justice et à rembourser un peu plus de dix milliards d’euros", reconnaît-il avant de s’en prendre à Michel Sapin, ancien ministre de François Hollande, qui martèle qu’Emmanuel Macron est au moins en partie responsable de cette erreur en tant qu’ancien ministre de l’Économie. "Michel Sapin, c’est bien le ministre du Budget qui nous a laissé un budget qualifié "d’insincère" par la Cour des comptes ? Bruno Le Maire a demandé une enquête de l’Igas (Ndlr : Inspection Générale des Affaires Sociales) pour bien déterminer ce qui s’est passé, et pourquoi cette catastrophe a pu se produire. (…) C’est important de savoir ce qu’il s’est passé dans le fonctionnement de Bercy. La question n’est pas de savoir sur qui repose la faute. L’essentiel, c’est que ça ne se reproduise pas", clame-t-il.
Chef d’entreprise de formation, Sylvain Maillard a par ailleurs abordé la question de la formation professionnelle, prochain grand chantier du gouvernement. "La formation professionnelle est la mère des batailles. On rentre dans un monde qui va profondément muter, on le voit bien avec l’arrivée massive du numérique un peu partout. Il va falloir qu’on se reforme en permanence. Énormément de métiers vont disparaître, d’autres vont apparaître, il va falloir se former. L’idée très ancrée en France d’être lancé pour toute sa carrière après de bonnes études est terminée. Notre idée est assez simple : on ne veut plus protéger les emplois mais les personnes. Et la meilleure protection, c’est la formation. En France, le chômage de masse touche d’abord ceux qui ont un niveau inférieur au bac. (…) On a par ailleurs un système très inégalitaire : il forme particulièrement ceux qui sont déjà bien formés. Parmi les salariés de PME-TPE, très peu ont accès aux formations alors qu’ils y ont droit. Pourquoi ? Parce que c’est aussi un problème d’organisation et de complexité de montage des dossiers de formations. Chacun d’entre nous doit pouvoir très facilement se former en fonction de son projet personnel", plaide-t-il.
"Des budgétisations totalement farfelues"
Enfin, Sylvain Maillard réfute les chiffrages selon lesquels la proposition d’Emmanuel Macron d’accorder des indemnisations-chômage aux indépendants et aux démissionnaires coûterait entre 8 et 14 milliards. "Ça fait partie des budgétisations totalement farfelues. Vous n’avez pas les curseurs des conditions nécessaires pour toucher ces indemnisations. Nous avons d’autres chiffrages bien inférieurs. L’idée est de donner un droit réel : si vous ne vous sentez plus bien dans votre entreprise, on vous donne la possibilité tous les 5, 6 ou 7 ans (à voir avec les partenaires sociaux) de démissionner et de se relancer dans un autre projet. Le chiffrage officiel n’est pas encore déterminé. Bien sûr que ça coûtera de l’argent, mais c’est un droit fondamental qui dynamisera la société", assure-t-il.
Réécoutez en podcast l’interview de Sylvain Maillard dans le Grand Matin Sud Radio