Fini les affaires, la campagne commence vraiment lundi soir. Quarante-trois ans après le premier débat télévisé de second tour, entre Giscard et Mitterrand, les cinq "grands" candidats Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon et François Fillon s'affrontent à partir de 21H00 sur TF1 et LCI pour un premier débat de premier tour.
Un débat prévu pour durer trois heures et qui doit s’articuler autour de trois grandes questions : "Quel modèle de société ?", "quel modèle économique ?" et "quelle place pour la France dans le monde ?". À chaque fois, les candidats, disposés en cercle, auront deux minutes pour répondre, les adversaires pouvant se permettre d’interpeller à partir d’une minute trente.
Sans surprise, Emmanuel Macron devrait être au centre de toutes les attentions. Le candidat du mouvement En Marche ! se prête à l’exercice du débat télévisé à plusieurs pour la première fois, il apparaît donc comme un novice dont le moindre faux-pas sera scruté. Surtout, l’ancien ministre de l’Économie concentre les critiques de ses adversaires depuis plusieurs semaines et il ne devrait pas y échapper lundi soir.
Autres défis à relever pour François Fillon : faire oublier les affaires. Depuis les révélations du Canard Enchaîné, le discours du candidat Les Républicains est devenu inaudible. "C'est en quelque sorte le début de la campagne. Ça va faire tomber un certain nombre de masques", pense son porte-parole Luc Chatel.
Assurant ne pas avoir "préparé particulièrement" l'épreuve, Marine Le Pen, elle aussi aux prises avec des affaires dont celles des assistants FN au parlement européen, a dit espérer dimanche un débat "de fond", qui ne s'attarde donc pas sur les affaires qui auraient été le "sujet unique" jusqu'ici.
Les candidats de gauche, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon vont eux tenter de surfer sur la bonne dynamique de leur week-end et relancer des campagnes qui plafonnent. Tous deux ont réussi leurs démonstrations de force à Paris, l'un samedi place de la République, l'autre à Bercy dimanche.
Leurs proches soulignent tous deux le grand nombre d'indécis qui rend possible des inversions de tendance. "On a fait tester par des instituts les propositions de Benoît Hamon et à chaque fois elles sont très bien accueillies. Maintenant, il faut vraiment qu'il soit entendu par les Français. Demain il va crever l'écran comme il a crevé l'écran durant les débats de primaire", espère un de ses lieutenants.
Ce débat à cinq reste contesté dans sa forme, notamment par les six autres "petits" candidats à cette élection présidentielle : Philippe Poutou (NPA), Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), François Asselineau (UPR), Jean Lassalle et Jacques Cheminade.
Le Conseil d'État a débouté jeudi le recours déposé par Nicolas Dupont-Aignan pour contester ces absences, n'y voyant pas "une atteinte grave et manifestement illégale au pluralisme", ni "une méconnaissance du principe d'équité".