Scandale politico-financier ou tempête dans un verre d’eau ? Ce mercredi, le petit monde de la politique s’agite autour de la polémique du vol Tokyo-Paris à 350 000 euros spécialement affrété pour faire rentrer le Premier ministre Édouard Philippe deux heures plus tôt en France. Alors que la députée (LREM) de la Somme Barbara Pompili en appelait ce matin sur Sud Radio à "arrêter les polémiques stériles", le président des Patriotes, Florian Philippot, a lui aussi réagi sur notre antenne, avec une bienveillance bien moins marquée.
"Ça fait beaucoup, 350 000 euros, et on a vraiment le sentiment que le nouveau monde que nous promettait M. Macron ressemble énormément à l’ancien monde et ses dérives inacceptables. On croit rêver. L’objectif serait de gagner deux heures et d’avoir un vol en situation un peu moins inconfortables, nous dit-on, mais ça coûte 350 000 euros au contribuable ! 350 000 euros, c’est quasiment 300 Smics mensuels… C’est particulièrement choquant à un moment où l’on baisse les APL pour tout le monde, où l’on augmente la CSG notamment pour les retraités, où beaucoup de Français se serrent la ceinture. C’est extrêmement choquant", s’insurge-t-il.
"C’est un argument un peu léger et c’est une faute"
L’ancien vice-président du Front national balaye par ailleurs d’un revers de main la défense affichée par le gouvernement ce mercredi. "J’ai entendu le Premier ministre nous expliquer qu’il fallait qu’il soit en métropole quand le président de la République n’y est pas. Cette règle souffre de nombreuses exceptions, et très franchement qui va croire qu’on ne peut pas supporter deux heures d’absence ? Le vol militaire de l’A340 depuis Tokyo est arrivé à 9h30 à Orly alors que le vol à 350 000 euros est arrivé, lui, à 7h30... C’est un argument un peu léger et c’est une faute, à un moment où la France connaît de grandes inégalités, plus de 6 millions de chômeurs et des réformes difficiles pour le plus grand nombre", insiste-t-il.
Enfin, la comparaison brandie par Matignon avec les vols plus coûteux du temps de Manuel Valls n’est pas non plus du goût de Florian Philippot. "S’il y a une échelle de l’indécence et qu’on estime qu’on est un peu plus bas sur cette échelle que son voisin, je ne sais pas si cela excuse tout. J’ai toujours du mal avec l’argument du "c’était pire avant". Déjà, c’est à vérifier. Et ensuite, ce n’est pas un argument ! Ce n’est pas parce qu’il y a eu pire que ce n’est pas grave. On aimerait qu’il n’y ait plus ce genre de problèmes. Et si Matignon assumait parfaitement les choses, alors on ne l’aurait pas appris par une investigation journalistique ! On l’aurait su, ça aurait été transparent. Or, ça n’a pas été dit, c’est donc bien qu’il y avait un petit malaise...", souligne-t-il.
Propos recueillis par Félix Mathieu.