La politique actuellement menée par Emmanuel Macron et le gouvernement délaisse-t-elle des pans entiers du territoire français ? Oui, selon une centaine d’élus locaux de gauche qui ont co-signé une tribune ce week-end dans le journal Marianne pour tirer la sonnette d’alarme face à une situation de territoires "désintégrés à l’ère de la mondialisation libérale". Maire de La Riche (Indre-et-Loire), Wilfried Schwartz est l’un de ces élus en colère et était l’invité du journal de 18h sur Sud Radio ce lundi.
"Il y a une inaction publique ces dernières années qui fait que certains territoires sont carrément oubliés. Ce qu’on reproche au président de la République et au gouvernement, c’est cette volonté d’un pouvoir central qui remet en cause la décentralisation. Il y a aussi un sentiment de colère et de résignation de maires en zone rurale, périurbaine et aussi urbaine. On a eu droit à une série de mesures cet été qui démontraient un certain irrespect de la part du gouvernement", dénonce-t-il d’emblée avant de revenir sur une illustration précise de cette colère des maires. "Il y a clairement une vision comptable dictée par Bercy qui s’oppose à une vision humaine et sociale. Prenons l’exemple de l’annonce brutale cet été de la suppression des emplois aidés (la diminution, selon le gouvernement). Concrètement, nous autres sur le terrain, d’une semaine à l’autre on a dû expliquer à des agents de nos communes qu’ils allaient sans doute être au chômage. Tout ça parce que le gouvernement a décidé du jour au lendemain de supprimer les contrats aidés", déplore-t-il.
"Je ne peux pas vous dire quel sera l’accueil réservé à Macron jeudi"
Pour Wilfried Schwartz, le décalage est assez net entre les promesses gouvernementales et les actes concrets. "Les maires ne sont pas irresponsables. Ils ont largement participé ces dernières années à la diminution du déficit public. Mais on nous avait promis une concertation, la fameuse Conférence nationale des territoires. Dès le lendemain, on a eu une série d’annonces brutales (fin des emplois aidés, diminution de la dotation pour les équipements des territoires ruraux ou des crédits pour les quartiers prioritaires)", rappelle-t-il.
L’élu indroligérien plaide par ailleurs pour un retour à une France décentralisée, ce qui est de moins en moins le cas aujourd’hui. "Nous sommes aujourd’hui une République décentralisée, mais le gouvernement veut visiblement re-centraliser. C’est ça que nous dénonçons. La libre administration est un principe constitutionnel. Il peut y avoir en effet des regroupements de communes ou des métropoles, mais encore faut-il leur donner leurs moyens ! Vous avez vu les dernières informations indiquant qu’il y aurait maintenant des métropoles à deux vitesses, certaines qui bénéficieront de dotations supplémentaires, et d’autres non. On ne comprend pas bien, et tout ça est fait sans concertation et sans prise en compte des élus locaux. C’est pour ça que la colère monte, et je ne peux pas vous dire aujourd’hui quel sera l’accueil réservé au président de la République jeudi lors du congrès des maires", prévient-il.
Retrouvez en podcast toute l’interview de Wilfried Schwartz sur Sud Radio