Après la forte hausse du prix du pétrole due à l’attaque de gisements saoudiens, tout le monde craint une hausse du prix de l’essence ?
Dans ces cas-là, chacun voit midi à sa porte, et c’est normal, surtout concernant les prix de l’énergie. Hier matin le prix du baril de pétrole a brièvement grimpé de 19 % avant que la hausse stabilise autour de 10 %. Et immédiatement après l’union des industries pétrolières a indiqué qu’il fallait s’attendre à une hausse de 5 % des prix des carburants à la pompe. Naturellement c’est un sujet explosif par les temps qui courent, et en plus au moment où le gouvernement boucle son projet de budget. Je n’ai pas besoin de vous rappeler que l’année dernière, c’est une hausse des prix de l’essence qui a déclenché le mouvement des gilets jaunes. Or le gouvernement qui doit affronter des mouvements sociaux liés à la réforme des retraites n’a aucune envie de voir repartir une jacquerie fiscale. Pour calmer la crise, le gouvernement avait fini par renoncer à l’augmentation des taxes sur les carburants. Mais c’était valable pour 2019.
Donc toute la question est de savoir ce que le gouvernement va faire en 2020
Exactement. Et il faut décider vite, car tout cela est contenu dans le projet de loi de finances qui doit être présenté d’ici une dizaine de jours. D’un côté le gouvernement peut se dire que cette flambée du brut ne durera pas, surtout si l’Arabie répare vite ses installations. Mais c’est un pari à très court terme qui fait l’impasse, sur les très fortes tensions géopolitiques au Moyen-Orient. D’un autre côté, il peut avoir recours à une Taxe sur les produits pétroliers flottante qui baisse quand les prix du brut augmentent. Lionel Jospin avait eu recours à un système équivalent lorsqu’il était premier ministre. Cela aurait un gros avantage. C’est d’éviter la convergence des luttes entre automobilistes et futurs retraités. Car aujourd’hui, c’est la principale préoccupation du Chef de l’Etat : il sait qu’un rien peut fait repartir la fronde sociale et fiscale dans le pays. Avec à la clé des mouvements qui peuvent être violents. Et il fera tout pour éviter cela, quitte à se chiraquiser et à stopper les réformes. Une chose est certaine, en dehors des retombées géopolitiques, cette hausse des prix à la pompe est une très mauvaise surprise pour Emmanuel Macron.