2000 CRS se sont faits porter pâles aujourd’hui. Privés du droit de grève, ils sont allés voir leur médecin pour obtenir un arrêt maladie, seul moyen pour eux de manifester. C’est la deuxième opération de ce type qu’ils mènent dans le mois.
Ils dénoncent un manque de reconnaissance. Selon eux, leurs conditions de travail se dégradent de mois en mois. Des missions de plus en plus difficiles, locaux insalubres, logements vétustes lors de leurs missions, véhicules trop vieux, trop d’heures supplémentaires, ils sont épuisés moralement et physiquement.
En plus, ils dénoncent la réforme sur la fiscalisation de leurs indemnités de déplacement. En moyenne, ils sont 180 jours en déplacement, même si on serait plus près des 200 jours. Pour compenser leur absence temporaire de leur domicile, une somme de 39 euros par jour leur est versée à chacun en plus de leur salaire. Cette année, le gouvernement a souhaité fiscaliser cette indemnité.
"Le malaise est général"
Gérald*, l'un de ces CRS qui a obtenu un arrêt maladie ce jeudi, était l'invité du journal de 18h sur Sud Radio au micro de Véronique Jacquier. Il est revenu sur les raisons de cette mobilisation, "quasiment historique par rapport à l'ensemble des effectifs employés par jour".
S'il reconnaît que la fiscalisation de leurs indemnités de déplacement a été "l'élément déclencheur", il n'oublie pas les autres points : "Les gouvernements se sont enchaînés, avec des pertes progressives d’acquis. Celui-là, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase. Au vu des efforts qu’on nous demande et pour lesquels nous répondons présents, le gouvernement affiche clairement un très gros manque de reconnaissance des efforts fournis ces dernières années. Ce qui a vraiment été mal pris, c’est que quelques jours après, les députés se votaient l’exonération de ces mêmes cotisations fiscales. Je ne vous cache pas que ça a été très mal perçu."
Si le ton doit se durcir, il se durcira
Mais plus qu'une action suite à cette mesure, il assure que "le malaise est général" : "Si on parle des événements récents, il y a toutes les manifestations Loi Travail qui se sont très mal passées, où nous avons subies beaucoup d’agressions touchant notre intégrité physique, beaucoup de collègues ont subi des jets de cocktails molotov, avec des conséquences pour certains. Derrière, les ordres ne suivent pas alors que nous avons pourtant des moyens à notre disposition, mais qui ne sont pas utilisés à bon escient. Nous avons notamment des camions avec des canons à eau, qui sont d’une efficacité redoutable et qui ne sont pas des armes à proprement parler."
Preuve que la situation est urgente, l'intersyndicale sera reçue vendredi matin par Gérard Collomb. Sans évolution favorable, Gérald n'hésite pas à dire que "si le ton doit se durcir, il se durcira".
"Ce qu’il faut souligner, c’est que cette intersyndicale elle-même est assez historique. Trois syndicats qui, d’habitude, sont très rarement voire jamais d’accord, ont réussi à s’entendre. Nous espérons qu’elle perdura demain et que ce sera un signe pour l’ensemble du corps de la police nationale. Là, on parle des CRS, mais c’est l’ensemble du corps de la police qui est en très grande difficulté en ce moment. Je parle aussi des administratifs. Tous ces gens subissent toutes les coupes budgétaires et les mauvaises reconnaissances pour investissements rendus. Pour nous, les déplacements, ça a un coût social, familial pour beaucoup. On est un des corps de métiers où le taux de divorce, de séparation et de suicide est assez élevé. On ne peut pas continuer à perdre ces acquis."
*Le prénom a été modifié.