Faut-il des limitations de vitesse à la carte ? Hier, si Édouard Philippe n’a pas remis en question les 80 km/h, il semble avoir ouvert une porte de sortie vers la négociation…
Adapter la limitation de vitesse en fonction du territoire
Le Premier ministre a eu cette phrase : "Chaque département sera informé des chiffres sur son territoire et puis chacun prendra ses responsabilités". "Ça veut bien dire ce que ça veut dire, estime Véronique Jacquier. Oui à une future application du 80 km/h à la carte, avec une décision revenant au maire ou au président du Conseil départemental. Ce n’est pas officiel. Mais Édouard Philippe prépare les esprits alors qu’il est lui-même contre une marche arrière".
Selon les chiffres dévoilés par le Premier ministre le 28 janvier 2019, l'application du 80 km/h sur les routes secondaires aurait permis d’épargner 116 vies depuis le 1er juillet 2018. Mais qu’est-ce que cela changerait si la limitation de vitesse était décidée en fonction de la spécificité de la route et du territoire ?
"Deux choses, souligne Véronique Jacquier. Premièrement, les élus locaux seront comptables de chaque mort ou de chaque blessé sur les tronçons repassés à 90 km heure. Sont-ils prêts à l’assumer ? Deuxièmement : le maire ne va-t-il pas céder à des pressions électoralistes quand il faudra changer quelques panneaux ?" En effet, le gouvernement assume qu'une décision étatique appliquée depuis Paris soit impopulaire. Mais avec une décision prise au niveau local, l’élu prend-il le risque d’attirer la foudre de ses administrés ?
Laisser le pouvoir de décision localement
L'application unilatérale du 80 km/h par les élus selon les spécificités de leur territoire aurait-elle un sens ? Sans doute, d'autant plus que des aberrations existent. Ainsi, sur la D 974 entre Beaune et Dijon, sur 36 kilomètres, on compte 42 changements de vitesse. "L’application technocratique du 80 km/h a généré trois problèmes : la fronde des élus, la crise sociale des 'gilets jaunes' et un vandalisme sans précédent des radars, souligne Véronique Jacquier. Plus de 2.000 sont hors service à ce jour, soit 60% du parc." Moralité : on jugera les maires et les présidents de Conseil départementaux aux résultats.
"Ce que réclament nos concitoyens et nos élus locaux, estime Benoît Simian, député LREM de la Gironde et président du groupe d’études "Route et sécurité routière" à l’Assemblée nationale, c’est un changement dans la méthode. Il s’agirait de donner le pouvoir de décision aux territoires. Je le réclame depuis près d’un an : laisser le pouvoir aux maires pour les routes municipales, aux départements pour les routes départementales et aux préfets pour les routes nationales. C’est ceux qui connaissent mieux la qualité et la dangerosité du réseau. On l’a vécu comme une mesure technocratique arbitraire arrogante, imposée depuis Paris. C’est clairement ce qu’il ne faut pas faire en termes de méthode. L’adaptation locale de la vitesse serait tout simplement un geste significatif de décentralisation et un message vis-à-vis des territoires ruraux".
Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger. Sur quelle fréquence écouter Sud Radio ? Cliquez-ici !