"C'est long, deux ans". A Bordeaux, Édouard Philippe a tenu dimanche le premier des meetings régionaux qui jalonneront le semestre de son parti Horizons, alternant avertissements "sans illusions" sur la situation actuelle et grandes lignes pour la présidentielle 2027.
"Ce n'est pas encore le temps du programme, mais c'est l'heure de l'espoir", a résumé le député Henri Alfandari.
Candidat déclaré à l’Élysée, mais peu désireux de dévoiler son jeu, Édouard Philippe a opté pour une série de "congrès interrégionaux" : Bordeaux dimanche, puis le 16 mars à Lille où il sera question de "calendrier" et de "méthode", et Marseille au printemps, pour un troisième rendez-vous consacré aux questions régaliennes.
"C'est une bonne façon de préparer la suite. De prendre date, de commencer à animer localement". "Ca chauffe mes équipes, ça motive les troupes", a expliqué l'ancien Premier ministre à l'AFP.
Les quelque 1.200 personnes présentes au Palais des Congrès --Horizons revendique quelque 30.000 adhérents-- ne s'attendaient donc pas à un catalogue de mesures. Mais entre quelques traits d'humour, anecdotes sur De Gaulle et Mauriac et un hommage à l'ancien maire de Bordeaux Nicolas Florian, dont le décès a été annoncé dimanche, elles ont eu droit à quelques messages bien sentis sur les négociations budgétaires en cours, et quelques indications sur la route vers l’Élysée.
"Chez Horizons, nous soutenons le gouvernement" mais "sans illusion, malheureusement, sur le fait que nous ne ferons rien de décisif dans les deux ans qui viennent", a planté Édouard Philippe.
"Le Premier ministre --il n'a pas cité nommément François Bayrou-- a affiché un objectif de déficit à hauteur de 5,4%. On verra. Entre la croissance qui est faible et les compromis qui coûtent de plus en plus cher, on verra où notre addiction pour la dépense nous conduit", a-t-il ajouté, dénonçant "un consensus général pour augmenter les impôts".
- "Refaire de la France une puissance" -
"La stabilité du gouvernement a de la valeur, elle a donc un prix. Mais ce prix, soyons clairs, a des limites", a estimé Édouard Philippe, alors que le gouvernement Bayrou tente d'éviter la censure en négociant avec les socialistes.
L'ancien Premier ministre a également mis en garde contre l'adoption de la proportionnelle : "Je ne voudrais pas que par une réforme de circonstances, on s'interdise d’avoir demain une majorité stable dont nous aurons besoin pour faire repartir le pays".
Il a également suggéré aux formations du bloc central la création d'un "bloc républicain et démocrate" en vue des municipales. Voire d'une prochaine dissolution.
Pour le reste, cap sur 2027.
C'est "un rendez vous où les Français devront faire des choix fondamentaux" et "ce à quoi vous vous êtes engagés en rejoignant Horizons, c’est à refaire de la France une puissance", a-t-il lancé, particulièrement applaudi.
Et le maire du Havre d'asséner quelques "vérités". "D'abord de dire que dans notre pays, nous nous en sortirons par le travail".
Il faudra notamment "reprendre globalement le modèle des retraites pour offrir plus de liberté et de sécurité à chacun tout en garantissant la solidarité entre les générations et entre les Français", a-t-il dit, sans employer le terme de retraite par capitalisation.
La France devra "faire le choix de la jeunesse", "grande sacrifiée des dernières années", assurer la "réhabilitation de l'autorité" et assumer la "reconquête productive", a-t-il ajouté.
Parmi les orateurs, la présidente des Pays-de-la-Loire Christelle Morançais, fortement critiquée pour des coupes budgétaires dans sa région, mais reçue par une standing ovation à Bordeaux.
"Je ne suis pas une femme politique" mais "une femme qui fait de la politique" et à qui "il manquait" un "chef, un cap, une vision, une volonté, une famille politique" qui doit être "le parti de la vérité", a expliqué cette transfuge des Républicains (LR), désormais vice-présidente d'Horizons et présidente de la Commission d'investiture d'un parti qui prépare activement les municipales de 2026.
M. Philippe a également commenté la victoire de Donald Trump, "l'impérialisme dans toute sa splendeur" et dénoncé "le silence assourdissant d'une Europe tétanisée". "Ce qui se joue aujourd’hui, c’est notre capacité à rester libres", "à refuser que nos enfants soient soumis aux Etats-Unis ou à la Chine", a-t-il lancé.
Par Baptiste PACE / Bordeaux (AFP) / © 2025 AFP