C’est officiellement la fin de la trêve hivernale ce samedi 31 mars. L’année dernière, 34 000 personnes ont été expulsées de leur logement et chaque jour en France, 143 000 personnes survivent sans domicile. À Bordeaux, alors qu’entre 400 et 500 personnes dormiraient dans les rues, l’opération "Pas de Santé sans Toit" lancée par l'association Médecins du Monde veut interpeller les politiques sur les risques sanitaires encourus par ces sans abris.
"On a des problèmes pulmonaires, des problèmes respiratoires, des rhumes, etc. On a aussi quelques cas de tuberculose, et surtout, des souffrances psychiques. La rue fragilise énormément, et on ne peut pas avoir accès à la santé si on n’a pas un logement, une structure pour pouvoir se poser, se soigner, se reposer, avoir un suivi médical et un sommeil correct, etc. Ils se plaignent très souvent de troubles du sommeil liés à leurs conditions de logement", raconte Hélène Dubercq, infirmière bénévole de l’association, au micro de Sud Radio.
"Ce n’est pas digne, ce n’est pas humain"
"Il est évident que quelqu’un qui dort dans la rue et qui n’a pas de toit a des conditions de vie extrêmement précaires. On retrouve des gens exténués, qui déclenchent tout un tas de pathologies liées à ces stress. C’est aux politiques de décider à la fois au niveau national, régional et local, et de prendre des décisions honorables", ajoute le Dr Dominique Barroux, médecin généraliste et bénévole de Médecins du Monde à Bordeaux.
Pour Damien Junca, coordinateur du centre médico-social de Médecins du Monde Bordeaux, le système d’hébergement d’urgence doit être amélioré. "On est dans des parcours complètement chaotiques, avec une personne hébergée quelques temps puis qui retourne ensuite dans la rue. On a des patients qui sont malades et qui ne peuvent plus se rendre à leurs rendez-vous médicaux et suivre leur traitement parce qu’ils ne savent pas où ils vont dormir le soir-même. Vous imaginez bien que leur santé se dégrade en étant à la rue. Nous dénonçons cela et réclamons que l’État trouve des solutions pérennes pour ne plus faire une gestion au thermomètre de l’hébergement. Ce n’est pas digne, ce n’est pas humain, et on a les moyens de le faire", martèle-t-il.
Un reportage de Christophe Bernard