Emmanuel Macron a demandé mercredi haut et fort à Israël et au Hezbollah de cesser leurs hostilités au Liban, estimant que l'escalade au Proche-Orient était, "dans l'immédiat", "le risque principal" pour la stabilité mondiale.
A la tribune de l'ONU, le président français a rejoint la cohorte des dirigeants appelant à tout faire pour éviter un embrasement régional aux conséquences imprévisibles.
Depuis lundi, la guerre larvée entre Israël et le Hezbollah, soutenu par l'Iran, s'est muée en affrontements directs avec des opérations aériennes israéliennes d'ampleur ayant fait des centaines de morts et contraint des centaines de milliers de personnes à fuir.
Le mouvement chiite libanais, également allié du Hamas palestinien à Gaza, a, lui, tiré mercredi un missile vers Tel-Aviv, une première selon l'armée israélienne.
Emmanuel Macron, très engagé dans la recherche d'une solution au Liban, en proie à une longue crise politico-économique et désormais aux portes de la guerre, a transmis ses "pensées fraternelles" au peuple libanais.
Accusé par chaque camp de soutenir l'autre, il a tenté de défendre une ligne médiane en mettant chacun devant ses responsabilités.
Le Hezbollah prend "depuis trop longtemps le risque insoutenable d'entraîner le Liban dans la guerre (..) Israël, quant à lui, ne peut sans conséquence étendre ses opérations", a déploré le président français.
"La France exige le respect par chacun de ses obligations le long de la Ligne bleue", la ligne de démarcation tracée par l'ONU entre Israël et le Liban, a-t-il ajouté.
- Situation bloquée -
Il a en outre assuré que Paris agissait "pour faire émerger une voie diplomatique indispensable afin d'épargner les populations civiles et empêcher une explosion régionale".
Lors une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU à la demande de la France, son ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dévoilé que Paris travaillait avec son partenaire américain en vue d'un cessez-le-feu temporaire de 21 jours entre Israël et le Hezbollah "pour permettre les négociations".
Le chef de la diplomatie, entré en fonction il y a deux jours seulement, se rendra par ailleurs au Liban "en cette fin de semaine", a annoncé le président français.
Pour l'heure, la situation semble bloquée: le Hezbollah conditionne l'arrêt des hostilités avec Israël à un cessez-le-feu à Gaza, quand Israël entend détruire l'appareil militaire du Hamas.
"Il est impératif qu'une nouvelle phase s'ouvre à Gaza, que les armes se taisent, que les humanitaires reviennent, que les populations civiles enfin soient protégées", a souligné Emmanuel Macron.
"La guerre qu'Israël mène à Gaza n'a que trop duré", a-t-il déploré, mettant en avant "les dizaines de milliers de victimes civiles palestiniennes" mortes sans "aucune justification".
Le président français a aussi pris le soin de condamner de nouveau "avec fermeté l'attaque terroriste terrible et sans précédent décidée et menée par le (groupe islamiste palestinien) Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier".
"Le terrorisme est inacceptable quelles qu'en soient les causes et nous pleurons ici les victimes de l'attaque du Hamas du 7 octobre dernier, parmi lesquelles 48 citoyens français", a-t-il dit.
- "Un scandale" -
Mais il a aussi souligné que "trop d'innocents sont morts" dans les représailles israéliennes, estimant que c'était "un scandale pour l'humanité", "une source dangereuse de haine, de ressentiment qui menace et qui menacera la sécurité de tous".
Le président français a rencontré à cette fin le président américain Joe Biden à New York de même que le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Ses relations restent en revanche très tendues avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Par ailleurs, le président français a appelé à agir contre la "fragmentation du monde" en luttant plus efficacement contre la pauvreté et les inégalités, le réchauffement climatique et pour l'environnement et la biodiversité.
Il a de nouveau plaidé pour un "choc financier public", doublé de financements privés, et pour une "réforme en profondeur de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international".
"Décidez de ne pas le faire et vous verrez dans les années qui viennent émerger un ordre alternatif (...) Vous serez voués aux gémonies, accusés de cynisme et peut-être pas à tort", a-t-il lancé aux "Etats les plus riches" et aux autres.
Par Delphine TOUITOU et Valérie LEROUX / Nations unies (États-Unis) (AFP) / © 2024 AFP