Est-il nécessaire (et possible) d’interdire le salafisme en France ? Cette question est de nouveau sur de nombreuses lèvres ce lundi suite à la prise d’otages à caractère terroriste commise par Radouane Lakdim vendredi, qui a endeuillée la petite localité de Trèbes, dans l’Aude. À Marseille en tout cas, le salafisme ne cesse de monter peu à peu en puissance au sein de la communauté musulmane, malgré la fermeture en décembre dernier d’une mosquée salafiste. Selon les services de renseignement, une quinzaine d’autres seraient toujours actives dans la cité phocéenne.
Pour Abderrahmane Ghoul, vice-président du conseil régional du culte musulman en Paca, l’heure est venue de tirer la sonnette d’alarme. "Ce discours radical est malheureusement en train de prendre de la place. L’annulation du projet de la Grande Mosquée a favorisé ces petites salles de prière où l’on voit une poussée du salafisme. C’est une lecture littérale du texte, et c’est très dangereux. Il y a plus de jeunes qui se radicalisent et qui se replient vers un discours qui monte la haine contre la société, contre tes proches même !", affirme-t-il avant de donner son point de vue sur la façon de lutter contre le salafisme. "Fermer les lieux de prière n’est pas notre but : on souffre déjà du manque de places, on pousserait donc les gens à prier dans la rue. Si on veut combattre le salafisme, il faut former des imams qui peuvent accueillir le maximum de fidèles", assure-t-il.
"Il y a certains discours, c’est n'importe quoi !"
Une préconisation partagée par des fidèles marseillais. "Il faut avoir de vrais imams et ne pas faire venir n’importe qui", plaide l’un d’eux. "Il faut de véritables écoles bilingues pour former les imams, c’est très important. Malheureusement, il y a des carences importantes à ce niveau-là", ajoute une autre. Certains imams eux-mêmes semblent désemparés. "Il y a certains discours, c’est n’importe quoi ! Avec des gens qui disent qu’on peut battre les femmes… Et comme on est incapables d’organiser le culte musulman en France, on laisse les gens faire", regrette l’un d’eux.
Un reportage de Lionel Maillet