En déplacement en Nouvelle-Calédonie, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a présenté lundi sa méthode et ses principes pour relancer le dialogue entre indépendantistes et non indépendantistes, avant des négociations sur l'avenir institutionnel du territoire qui doivent débuter mercredi.
C'est déjà un premier succès: en organisant lundi une "plénière de restitutions et de méthode" au congrès de Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls a réussi à rassembler autour d'une même table l'ensemble des forces politiques du territoire, malgré des mois de tensions et d'invectives.
"Je pense que nous continuerons à discuter et à négocier ensemble, sous ce format, où toutes les formations acceptent de se parler entre elles et avec le gouvernement de la France", a déclaré le ministre à l'issue de cette réunion, saluant "l'effort nécessaire" des participants tout en appelant chaque acteur à "prendre ses responsabilités".
L'ancien Premier ministre est arrivé samedi sur le territoire français du Pacifique sud, profondément meurtri par les émeutes de 2024 déclenchées par le projet gouvernemental de dégel du corps électoral calédonien qui ont fait 14 morts, causé plus de deux milliards d'euros de dégâts et laissé un territoire exsangue.
Son objectif est de parvenir à un accord sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie et, au préalable, de rétablir le dialogue entre des communautés "fracturées".
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Les dégâts dans le centre commercial Kenu In, pris pour cible lors des affrontements de 2024, à Doubéa le 23 février 2025
Delphine MAYEUR - AFP
Sur la forme, Manuel Valls a proposé trois axes de travail: le "lien avec la France", englobant les questions d'autodétermination, de citoyenneté et du corps électoral, la "gouvernance" visant à clarifier les compétences des institutions locales et la définition d'un "nouveau contrat social", avec un accent particulier sur la jeunesse.
Mais le ministre a aussi posé des principes jugés indispensables: une "souveraineté avec la France", la "protection de tous les habitants de la Nouvelle-Calédonie" et le respect de "la démocratie et l'état de droit", a-t-il listé, évoquant aussi une Nouvelle-Calédonie "unie et indivisible".
- Calédoniens "épuisés" -
Si les discussions de lundi se sont déroulées dans un climat jugé constructif, son arrivée à Nouméa, samedi, avait été plus mouvementée. Des militants non-indépendantistes et le député Nicolas Metzdorf l'avaient interpellé, lui reprochant une posture jugée trop conciliante avec les indépendantistes et un déni des référendums d'autodétermination de 2018, 2020 et 2021.
Reste désormais le plus compliqué. Négocier et aboutir à "un accord, un compromis", a poursuivi Manuel Valls, estimant que c'était aussi la demande des Calédoniens, "épuisés des atermoiements et des divisions".
Les négociations à proprement parler doivent débuter mercredi. À ce stade, un optimisme prudent domine. Le chef de la délégation de l'Union nationale pour l'indépendance (UNI), Jean-Pierre Djaiwé, s'est dit "très satisfait" de la méthode de Manuel Valls.
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Le ministre des Outre-mer Manuel Valls à Mont-Dore, en Nouvelle-Calédonie, le 23 février 2025
Delphine MAYEUR - AFP
"Ça ne va pas être facile, et il est difficile d'imaginer arriver à un accord d'ici à la fin de la semaine, mais tout le monde a envie de travailler et on peut peut-être arriver à un début de compromis", a-t-il poursuivi.
Même tonalité du côté de l'élu non-indépendantiste Philippe Dunoyer (Calédonie ensemble), estimant qu'il restait "plus de sujets de convergences que de divergences", même si ces dernières sont majeures.
Mais une inconnue demeure: le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), principal groupe indépendantiste, s'est dit satisfait de la méthode mais doit se réunir mardi avant de confirmer sa présence à la table des discussions.
Les Loyalistes, le groupe de la cheffe de file non indépendantiste Sonia Backès, n'ont eux pas souhaité s'exprimer lundi soir.
Par Charlotte MANNEVY / Nouméa (AFP) / © 2025 AFP