On les appelle les cabaniers. Touchés par la crise et la précarité, de plus en plus de Français vivent aujourd’hui de façon illégale dans des caravanes ou sous des abris de fortune. À Ortaffa, au sud de Perpignan, Anaïs vit depuis 14 ans dans un camping-car après avoir perdu son travail suite à des problèmes de santé. Alors qu’elle n’a pu retrouver que des travaux saisonniers, elle fait part de la précarité de son logement au micro de Sud Radio. "Les jours où il fait très froid l’hiver, on se réveille avec 4°C parfois le matin, on n’a pas l’eau courante ou l’électricité", se désole-t-elle.
À quelques jours du second tour de l’élection présidentielle, Anaïs n’est pas très optimiste quant à la possibilité de voir Emmanuel Macron ou Marine Le Pen améliorer la situation du logement en France. "Il faudrait un miracle. Il y a tellement de choses à faire aujourd’hui pour la société que ce sont des choses qui ne passeront peut-être pas à la trappe, mais qui seront à la ramasse", prédit-elle.
Alors que près de 12 millions de Français seraient plus ou moins concernés par le mal-logement, la situation est aujourd’hui alarmante selon Michel Davin, juriste bénévole depuis 1998 dans une association d’aide à ces précaires. "Beaucoup sont des terrains sans permis de construire : quand on a le choix entre dormir sous un pont et monter une cabane sur un coin de terrain, on choisit la cabane, c’est une question de survie. Beaucoup de gens, malgré un travail, n’arrivent pas à se loger", déplore-t-il.
Le département des Pyrénées-Orientales cristallise ces problèmes de mal-logement, la préfète ayant ordonné l'an dernier la destruction de ces habitations illégales. Au premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen est arrivée largement en tête dans ce département avec 30,1% des voix, devant Jean-Luc Mélanchon (21%).
Écoutez le reportage de Vincent Péchaire à Ortaffa dans les Pyrénées-Orientales.