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A Paris, le périph' réserve une place au covoiturage

Une voie réservée au covoiturage est entrée en vigueur lundi sur le périphérique parisien, première étape de la transformation en "boulevard urbain" de l'espace le plus pollué de la capitale, un héritage des Jeux olympiques porté par Anne Hidalgo, mais contesté à droite.

JULIEN DE ROSA - AFP/Archives

Une voie réservée au covoiturage est entrée en vigueur lundi sur le périphérique parisien, première étape de la transformation en "boulevard urbain" de l'espace le plus pollué de la capitale, un héritage des Jeux olympiques porté par Anne Hidalgo, mais contesté à droite.

"Ca peut être une bonne idée dans la dynamique de dépolluer et désengorger Paris, mais ça peut rendre encore plus compliqués les bouchons", redoute Noam, interrogé par l'AFP au volant de sa voiture.

"Il va y avoir énormément d'embouteillages au départ et par la suite, je pense que la circulation va se fluidifier", espère pour sa part Didier, un habitué du "périph'".

A l'instar d'autres axes routiers dans les métropoles de Lille, Nantes et Grenoble, le périphérique parisien, où la vitesse a déjà été abaissée de 70 km/h à 50 km/h, réserve désormais aux heures de pointe sa voie de circulation la plus à gauche aux véhicules qui transportent "au moins deux passagers", hors poids lourds, ainsi qu'aux transports collectifs, taxis, véhicules de secours et personnes à mobilité réduite.

La mesure vise à "diminuer le nombre de voitures en circulation en optimisant leur taux de remplissage afin de réduire le bruit et la pollution", explique à l'AFP David Belliard, adjoint écologiste chargé des mobilités, rappelant que 80% des usagers du périph' sont autosolistes.

"Le périphérique est l'autoroute urbaine la plus fréquentée d'Europe et c'est un véritable scandale sanitaire. Le demi-million d'habitants qui vivent de part et d'autre de cette autoroute urbaine sont exposés à des niveaux de pollution encore bien trop importants avec 30% d'asthme en plus chez les enfants", rappelle Dan Lert, adjoint écologiste chargé de la Transition écologique.

La voie sera active dès lors que des panneaux au losange blanc sur fond bleu seront allumés, du lundi au vendredi de 07H00 à 10H30 et de 16H00 à 20H00. Par précaution, la préfecture de police pourra la désactiver en cas de bouchons importants.

Certains tronçons de l'autoroute A1, au nord de Paris, et de l'A13 à l'ouest sont également concernés.

Au sud, sept des 35 kilomètres qui séparent le quai d'Issy de la porte de Bercy y échappent, faute d'avoir été des "voies olympiques" desservant des sites pendant les JO.

- "Passage en force" -

Une première phase "pédagogique" de contrôle va permettre de détecter les contrevenants via l'intelligence artificielle. Ces derniers verront alors un message s'afficher sur les panneaux pour leur demander de changer de voie.

Un panneau indique la vitesse maximale de 50 km/h sur le périphérique parisien le 1er octobre 2024

Un panneau indique la vitesse maximale de 50 km/h sur le périphérique parisien le 1er octobre 2024

Thomas SAMSON - AFP/Archives

Les premières contraventions, de 135 euros, tomberont à partir du 1er mai, la police municipale étant chargée d'analyser chaque cliché de vidéo-verbalisation auparavant.

Cette expérimentation organisée "sans date de fin", selon la mairie, fera l'objet d'une publication hebdomadaire d'indicateurs de suivis, avec des bilans intermédiaires prévus en septembre, décembre et mars.

Avec environ 1,5 million de déplacements quotidiens, le boulevard périphérique est "l'espace le plus pollué de la capitale", qui concentre "2 à 2,5 fois plus de particules ultrafines que sur les sites urbains", argumente la Ville.

L'exécutif municipal entend aussi amplifier les effets positifs observés depuis l'abaissement de la vitesse maximale à 50 km/h le 1er octobre.

Selon l'Atelier parisien d'urbanisme, les embouteillages ont depuis diminué de 15%, les accidents de 16%, le bruit de 2,6 décibels, la pollution au dioxyde d'azote de 16%, aux particules fines de 15%.

Mais la mesure suscite le scepticisme, voire la colère de l'opposition. La présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a réitéré lundi sa crainte d'embouteillages massifs en petite couronne, alors que "40% des trajets" sur le périphérique s'effectuent "de banlieue à banlieue".

Dans un communiqué, elle "insiste sur la nécessité de désactiver la voie en cas de congestion".

"Une fois encore, Anne Hidalgo choisit de passer en force, au mépris des premiers concernés", dénonce le groupe Changer Paris codirigé par Rachida Dati.

"80% des personnes consultées étaient contre et nous dénonçons l'absence d'étude d'impact objective, exhaustive et précise", critique également Geoffroy Boulard (LR), co-président d'Union Capitale, premier groupe d'opposition.

L'association "40 millions d'automobilistes" a lancé une pétition contre une décision qui risque de "créer une nouvelle forme de discrimination entre les automobilistes", le covoiturage n'étant selon elle "pas une solution accessible à tous".

La mairie revendique de son côté le "pragmatisme", et fait valoir que la pollution de l'air a été réduite "de 40% en dix ans grâce à une réduction équivalente du trafic routier".

L'observatoire de l'air en Ile-de-France Airparif prévoit pour mardi un épisode de pollution important lié à l'absence de vent, avec un risque de dépassement du seuil d'information.

hdu-tq-vid-juc/bfa/mpm

Par Hélène DUVIGNEAU, Juliette COLLEN / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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