Un paysage de désolation, et un processus de reconstruction qui s’annonce extrêmement long et fastidieux. Tel est l’horizon qui s’ouvre aujourd’hui pour la plupart des habitants de Saint-Martin, petite île ravagée par le passage sur ses terres de l’ouragan Irma. Si le danger d’une nouvelle tempête est a priori écarté, un autre approche à grands pas : les épidémies. Très courantes après des catastrophes naturelles et notamment des inondations à grande échelle, celles-ci pourraient bien en effet frapper l’île, à en croire Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président de la Fédération des médecins de France.
Typhoïde, choléra, chikungunya, dengue, paludisme, leptospirose...
"Le risque concerne essentiellement la typhoïde et le choléra, du fait des eaux stagnantes et de la rareté de l’eau potable. Ensuite, il y a les moustiques contre lesquels les gens ne pourront plus se protéger comme avant. Il y a le chikungunya, la dengue, et puis j’ai même entendu dire qu’il pourrait y avoir du paludisme parce que certains moustiques peuvent le transmettre dans certains endroits. Ça fait quand même des risques non négligeables, avec en plus des rats qui doivent se balader un peu partout et qui, eux, peuvent transmettre des pathologies comme la leptospirose. La rage je ne pense pas, mais on peut avoir une grande inquiétude. L’important maintenant est de redonner de l’eau potable, d’assurer les endroits et de se protéger des rats et des moustiques. Il y a un risque sanitaire majeur quand on voit l’ensemble des dégâts. Toute l’infrastructure a été détruite et il faut agir rapidement", déclare-t-il au micro de Sud Radio.
"Il est urgent d’informer la population"
"Ils sont en train de remettre en place des hôpitaux. Des médecins libéraux sont également présents sur place, des médecins qui connaissent les pathologies tropicales et qui sont capables de les prendre en charge. On peut donc de nouveau avoir une organisation sanitaire dans les huit jours, mais on ne peut pas exclure un début d’épidémie de typhoïde ou de choléra. Tout va dépendre des moyens qui sont mis sur place, mais redonner de l’eau potable devrait être possible dans les huit jours de façon satisfaisante. Il est urgent d’informer la population, et d’informer les enfants sur les risques de boire de l’eau non potable", préconise-t-il par ailleurs.
Propos recueillis par Alfred Aurenche.