L’autoroute A69 à Toulouse est un projet vieux de plusieurs décennies. Un trajet de 54 kilomètres, pour économiser quelques dizaines de minutes de trajet. Mais sur le chantier, les écologistes sont mobilisés pour le ralentir et notamment empêcher l’abattage des arbres. Parmi ceux qui se font appeler "les écureuils", Thomas Brail, arboriste grimpeur.
A69 : "Pour 17 euros l’aller-retour, qui va pouvoir aujourd’hui se payer ça ?"
Perché à la cime d’un platane centenaire pour empêcher son abattage, il explique que l’objectif est de "rappeler qu’il y a eu une enquête environnementale" que 90% des citoyens n’ont pas validée. Ils ont "rappelé qu’ils ne voulaient pas de cette autoroute", estime-t-il. "C’est pour ça que je suis là aujourd’hui."
Le chantier, "c’est 400 hectares de terres agricoles qui vont être artificialisées". Et ce alors que "les problématiques, bientôt, ça va être la nourriture et l’eau". "On perd l’équivalent d’un département tous les 10 ans. Et ça fait environ 10 ans qu’on a perdu l’autonomie alimentaire en France." Or, le trajet, souligne-t-il, "c’est 12 minutes de gagnées". "Alors, est-ce que ça vaut le coup pour 53 kilomètres" de détruire des terres agricoles, demande-t-il. Sachant, qu’en plus, "ça va laisser plein d’agriculteurs sur le carreau, puisque ça va diviser leur exploitation, voire la réduire pour certains". Sans compter que le prix annoncé est élevé : "pour 17 euros l’aller-retour, qui va pouvoir aujourd’hui se payer ça ?"
🔴 Autoroute #A69 : perchés en hauteur, des militants empêchent l'abattage des arbres
🗣️@BrailThomas : "Pour 12 minutes de gagnées entre #Toulouse et #Castres, est-ce que ça vaut le coup d’abîmer autant de terres agricoles ?
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— Sud Radio (@SudRadio) March 30, 2023
Les abattages étaient illégaux "parce qu’ils n’ont pas respecté la dérogation qui doit être accordée par le Préfet"
Les soutiens du projet affirment que les déplacements entre Toulouse et Castres sont nombreux, et que la route est plus dangereuse que l’autoroute. "Moi, ça fait huit jours que je suis dans une tente, et que j’ai la vue sur la Nationale. Tous les matins, à partir de 6 heures, je regarde cette route, et la circulation sur cette route", souligne Thomas Brail. Il a même filmé toutes les dix minutes la route en question, qu’il a mise en ligne. "Vous pouvez voir que le trafic n’est pas du tout, mais alors pas du tout saturé."
Les abattages avancent malgré les protestations. Alors qu’il était accroché en haut de l’un deux, "on a coupé tous les arbres autour de moi avec une grande machine", explique l’arboriste. "Moi, ils ont mis clairement ma vie en danger." Et, explique-t-il, les abattages étaient illégaux "parce qu’ils n’ont pas respecté la dérogation qui doit être accordée par le Préfet". L’article L. 350-3 du Code de l’environnement, précise le spécialiste, "interdit tout abattage d’arbres d’alignement". L’autorisation, assure Thomas Brail, n’a été accordée qu’après l’abattage. "Vous voyez, on n’est pas les seuls à être dans l’illégalité."
De plus, il y a le problème des nids d’oiseau, alors que les "nidification se font de plus en plus tôt" du fait du réchauffement climatique. "Il y a un arbre juste à côté de moi qui devait être abattu alors que des petites mésanges bleues étaient déjà en train de faire leur nid."
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