Abou Sangare, jeune Guinéen vivant à Amiens jusqu'alors en situation irrégulière, et primé à Cannes pour son premier rôle dans "L'Histoire de Souleymane", a obtenu mercredi un titre de séjour en France, a-t-on appris auprès de son avocate et de la préfecture.
"Le préfet de la Somme lui a délivré un titre de séjour +salarié+ ce matin (mercredi), valable un an", s'est félicitée son avocate Claire Perinaud, confirmant une information d'Ici Picardie.
Pour obtenir ce titre, le jeune homme de 23 ans a produit une promesse d'embauche comme mécanicien et a pu bénéficier de la "circulaire Valls de 2012, de régularisation par le travail", a précisé son avocate.
A l'avenir, il "demandera des renouvellements et pourra plus tard passer sur des cartes plus longues", a-t-elle ajouté.
La préfecture de la Somme a ensuite confirmé que son dossier, déposé en octobre, "comportait une promesse d'embauche pour l'exercice du métier de mécanicien en contrat à durée indéterminée".
- Un film qui lui a "sauvé la vie" -
"Je suis vraiment heureux" a déclaré Abou Sangare mercredi à l'AFP. "Ce titre de séjour va me permettre d'aller travailler au garage lundi matin".
Travailler comme mécanicien, "c'est mon rêve depuis l'enfance, et le cinéma vous savez c'est toujours un travail occasionnel pour moi", a-t-il ajouté.
Il n'empêche que le fait d'avoir joué dans "L'Histoire de Souleymane" lui a "sauvé la vie", reconnaît-il. Avant, il n'avait "presque plus d'espoir" et était "vraiment découragé" devant tous les obstacles liés à sa situation d'immigré clandestin en France depuis 2018.
Abou Sangare dit avoir passé depuis d'autres castings et avoir eu des retours "positifs", mais il n'a pas décroché de rôle, notamment à cause de son statut de sans-papiers.
Présenté au festival de Cannes en mai 2024, "L'Histoire de Souleymane" a reçu le prix du jury et Abou Sangare le prix d'interprétation masculine dans la section Un certain regard.
Le jeune homme avait été recruté lors d'un casting à Amiens pour jouer le rôle poignant d'un Guinéen livreur à vélo à Paris, qui prépare son entretien de demande d'asile, dans une situation de grande précarité.
Abou Sangare a lui-même été confronté à trois refus de régularisation.
Le 24 juillet, le tribunal administratif d'Amiens avait validé l'obligation de quitter le territoire qui lui était faite.
Toutefois, "en raison du parcours d'intégration de l'intéressé", le préfet avait alors sollicité début août un réexamen de sa situation.
AFP / Lille (AFP) / © 2025 AFP