Les analyses sanguines ont confirmé le premier test salivaire: le chauffeur du car scolaire avait consommé du cannabis avant l'accident qui a tué une lycéenne de 15 ans, jeudi à Châteaudun (Eure-et-Loir), a annoncé vendredi le parquet.
La présence de ce produit, avec un seuil supérieur à 0,5 nanogramme, ne peut correspondre à une consommation dite passive comme l'affirme le chauffeur, a précisé le procureur de la République de Chartres Frédéric Chevallier dans un communiqué.
La garde à vue du jeune homme de 26 ans a été prolongée et il sera présenté à un juge vendredi après-midi. Le parquet demandera son placement en détention provisoire, a indiqué le magistrat.
Le gardé à vue a pour sa part affirmé "qu'il s'agit non pas d'une consommation de produits stupéfiants, mais d'une contamination passive qui expliquerait la présence ainsi détectée, n'ayant pas consommé de produits stupéfiants depuis le mois de décembre dernier".
Il a expliqué que c'était sa compagne, qui consomme régulièrement, "qui pourrait être à l'origine de ce résultat. Il précise qu'il lui arrive d'allumer les +joints+ qu'elle fume". Il s'est réservé le droit de solliciter une contre-expertise, selon M. Chevallier.
Le ministre des Transports Philippe Tabarot, qui s'était rendu sur place jeudi, avait annoncé sur RTL un renforcement des contrôles des chauffeurs, notamment "au niveau des stupéfiants".
- "Homicide involontaire" -
Le chauffeur de bus maintient par ailleurs sa version des faits, "celle de la présence d'un véhicule tiers dont la manoeuvre l'aurait obligé à dévier sa trajectoire, lui faisant perdre le contrôle de son bus", vers 07H40 jeudi matin.
Selon des éléments recueillis par l'AFP, il exerçait depuis plusieurs années, au moins depuis le début de l'année sur cette ligne 32B, qui dessert six établissements. La route où a lieu l'accident, la D927, a été décrite comme "dangereuse" par la municipalité.
Les auditions de l'ensemble des témoins se poursuivent.
"Parmi eux, le conducteur d'un véhicule qui circulait derrière le bus disposait d'une caméra dans son véhicule qui permettra peut-être d'apprécier les conditions de l'accident", a détaillé le procureur.
Mais selon les premières investigations, "le croisement du bus avec un véhicule tiers, au moment de l'accident, ne serait pas confirmé par l'analyse de cette caméra".
Le ministre des Transports avait dit avoir saisi le Bureau d'enquêtes accidents (BEA) des transports terrestres pour déterminer les circonstances exactes de cet accident.
Un contrôle technique du bus avait été réalisé en fin d'année dernière.
- "Autopsie" -
Un juge d'instruction sera saisi vendredi après-midi par le parquet de Chartres.
Les faits seront notamment requalifiés d'"homicide involontaire aggravé par le fait que le conducteur conduisait après usage de produit stupéfiant, blessures involontaires aggravées par la même circonstance avec des ITT inférieures à trois mois", ajoute le procureur.
La peine encourue maximale pour ces infractions est de sept ans de prison, précise-t-il.
L'entraide et la solidarité entre les élèves qui se trouvaient dans le car avaient été rapportées par les élus locaux, "les grands ouvrant les trappes pour sortir de là".
L'autopsie du corps de Johanna, adolescente de 15 ans scolarisée au lycée Emile-Zola de la commune et décédée lors de l'accident, est en cours à l'IML de Garches et les résultats seront connus vendredi dans l'après-midi.
Vingt autres élèves avaient été blessés en urgence relative et quatorze transportés vers l'hôpital de la ville.
Mais plus aucun n'était hospitalisé vendredi, selon le parquet. L'interruption totale de travail la plus élevée a été fixée à 21 jours pour l'un d'entre eux.
Des cellules d'accompagnement psychologiques ont été activées, au moins jusqu'aux prochaines vacances scolaires, tandis que la ministre de l'Education Elisabeth Borne se rendra lundi dans l'établissement de la victime.
Par Tom MASSON / Orléans (France) (AFP) / © 2025 AFP