D'anciens élèves de l’Institution Saint-Dominique de Neuilly-sur-Seine ont ouvert un groupe Facebook suite aux révélations dans l'affaire Bétharram. Il a permis de recueillir une vingtaine de témoignages à l'encontre de plusieurs anciens professeurs et surveillants.
"On parle d'agressions sexuelles, on parle d'agressions physiques, on parle de violences"
Le 20 mars 2025, 8 représentants de collectifs de victimes ont été auditionnés par la commission d'enquête parlementaire créée dans la foulée du scandale de Bétharram.
"Ça a été le choc. En cinq jours, on a eu énormément de témoignages… Pas tellement sur lui, à part des choses qu'on savait : il tire les oreilles, il tire les cheveux, il est brutal. Mais on a eu des témoignages sur six autres personnes, des choses de nature extrêmement grave. On était sous le choc. On parle d'agressions sexuelles, on parle d'agressions physiques, on parle de violences. Les gens utilisent le terme 'sadique'. On parle d'un prêtre pédophile, on parle d'un surveillant, on parle de professeur de français, de sport etc. Donc, on est submergés par ces témoignages émotionnellement et physiquement, parce qu'on en reçoit beaucoup", a raconté Constance Bertrand.
Qu'a fait le collectif que préside Constance Bertrand ? "On décide de s'adresser au diocèse, on écrit à l'évêque, qui nous reçoit quasi-immédiatement et fait un signalement au procureur de la République. Et la suite, vous la connaissez. On était hier à l'Assemblée nationale pour témoigner devant la commission d'enquête parlementaire."
"Un de mes camarades disait qu'il a mis 50 ans à en parler à sa femme"
Constance Bertrand salue la libération, très récente, de la parole sur ces crimes. "On doit énormément à ceux que j'appelle affectueusement 'nos petits frères de Bétharram', parce qu'ils étaient des petits enfants quand ils ont été victimes de toute cette maltraitance. On leur doit énormément parce qu'ils ont ouvert la route, ils ont ouvert une porte qui ne pourra plus se refermer. Et dans la lignée, tous les collectifs se mettent en place, des révélations ont lieu dans la France entière au moment où je vous parle. Tous les jours il y a de nouveaux collectifs, tous les jours on apprend de nouvelles choses. Avec une constante : c'est quand même la souffrance des victimes et le silence des adultes autour d'eux qui ont su, couvert, n'ont rien fait, ont manqué de courage."
Constance Bertrand parle d'un "moment #MeToo pour l'enseignement catholique"… "La presse aime les mots forts, et il fallait un terme qui soit intelligible de tous. Donc, oui, c'est un #MeToo de l'enseignement catholique, à mon sens. Et ça ne peut pas s'arrêter. Il y a eu tellement de souffrance pendant tellement d'années. Aujourd'hui, des adultes nous disent : 'Il y a 30 ans, il m'est arrivé ci, il m'est arrivé ça, je n'en ai jamais parlé, j'en parle aujourd'hui'. Donc, on ne peut pas s'arrêter, on a le devoir de faire en sorte que ça continue. Et c'est pour ça que j'ai demandé à la fois aux journalistes et surtout aux députés de nous aider à à ne plus jamais faire silence sur ces sujets-là."
Constance Bertrand demande la fin de la prescription des crimes de maltraitance commis sur les enfants. "Je le demande, je sais que le mot choque, je sais que tous les juristes et constitutionnalistes du pays doivent lever les yeux au ciel. Mais si le mot est choquant, dans ce cas-là qu'on repousse la prescription à 50, 60, 70, 100 ans s'il le faut, si vraiment c'est un point du droit qui est trop compliqué à gérer. Ce que je demande, c'est le temps. On l'a vu hier à l'Assemblée nationale : un de mes camarades disait qu'il a mis 50 ans à en parler à sa femme. Il est marié depuis 50 ans avec sa femme, il lui a raconté il y a six mois ce qu'il a vécu. Donc, les gens ont besoin de ce temps d'éveil des consciences, un peu comme avec #MeToo, il a fallu un moment pour que certaines personnes se rendent compte de ce qui leur était arrivé."
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