Agnès Naudin, capitaine de police au sein d’une brigade territoriale de protection de la famille, était l’invitée d’André Bercoff mardi 24 septembre sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états". Elle est l’auteure d’Affaires d’ados : Porno, abus, sexualité… aux éditions du Cherche Midi.
C’est une affaire d’adolescents. La construction de sa sexualité, de ses rapports à l’autre, semble fragilisée par l’hypersexualisation de la société. Dans son livre, Agnès Naudin, alerte sur les dangers d’une sexualisation toujours plus jeune, dépendante d’Internet et des films pornographiques.
Une conséquence de la société de consommation
"La sexualité telle qu'on en parlait il y a 10-15 ans n'est plus du tout la même façon de la voir aujourd'hui pour nos adolescents". C'est à partir de ce constat que la capitaine de police s'est penchée sur le rapport à la sexualité des adolescents. Un rapport qui se dégrade au fil des générations et qu'Agnès Naudin met sur le compte, entre autres, de la société de consommation. "On enlève beaucoup de sens aux choses, tout va plus vite et il faut toujours consommer plus", dit-elle. Une consommation de la sexualité que les adolescents retrouvent sur Internet par le biais de la pornographie. "Ils ont malheureusement un mauvais regard, de mauvais outils pour se construire et rentrer en rapport avec les autres", note-t-elle.
La famille est parmi les principaux facteurs de ce phénomène. "La sexualité est tabou au sein de la famille, l'adolescent va donc chercher sur Internet et tomber sur de la pornographie", constate Agnès Naudin qui regrette cette prolifération et l'accès "open-bar" à la pornographie, tandis que du côté des familles, "on ne sait pas faire ou on n'a pas envie de le faire". Et rien de plus facile que d'accéder aux images pornographiques. "Elles sont accessibles sur les téléphones, ce qui multiplie la possibilité de les regarder, chez soi ou ailleurs, le jour ou la nuit", déplore l'auteure. "On leur présente une partie de la sexualité, sans leur parler du début, la relation à l'autre, le sentiment et l'affectif", note-t-elle.
"Marquer une limite"
Les affaires se multiplient au sein de son service de la brigade territoriale de protection de la famille. "On ne sait pas s'il y en a plus qu'avant", s'interroge-t-elle, reconnaissant une liberté de parole accrue sur ce phénomène. Mais même si de façon parcellaire on en parle, "au final, on se retrouve face à des parents démunis qui ne veulent pas imaginer". Actuellement, les mineurs âgés de moins de 10 ans ne sont pas considérés comme responsables. "J'espère que ça restera ainsi et qu'on ne rehaussera pas à 13 ans", nous confie Agnès Naudin. "On n'est pas dans les trafics de stupéfiants, nous sommes face à des enfants qui se construisent. Il faut les accompagner quelque part".
Pour protéger les enfants, Agnès Naudin trouve "dangereux" d'abaisser la majorité sexuelle à 13 ans. "La sexualité est propre à chacun, elle dépend de la maturité et on ne peut pas faire une généralité", rappelle-t-elle en précisant qu'il est "nécessaire de faire des enquêtes au cas par cas". Pour cela, il faut laisser la majorité sexuelle à 15 ans et considérer tous les jeunes en dessous comme non-consentants. Pour Agnès Naudin, "le sujet est trop sensible, il faut marquer une limite".
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