Selon une étude menée auprès de 3.000 PME françaises ayant une activité avec le Royaume-Uni, 54% d’entre elles ne sont en fait pas préparées aux conséquences du Brexit sur leur activité. Seules 6% des entreprises auraient réellement mesuré les conséquences du Brexit sur leur activité. De quoi alarmer Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie.
Un Brexit dans dix jours est encore possible
"Nous avons fait un sondage auprès d'un millier de PME, celles qui exportent à partir du fichier des douanes, précise Agnès Pannier-Runacher. Elles nous disent à plus de 50% qu'elles n'ont pas pris de mesures pour préparer le Brexit. Ce que nous leur disons, c'est que, dans l'univers incertain dans lequel on évolue, un Brexit le 1er novembre est toujours possible. Il faut se préparer à la situation, se connecter à brexit.gouv.fr, faire le diagnostic qui prend cinq à dix minutes, ce qui permet de savoir si l’on est à risque haut ou pas, quelles démarches faire, et s'inscrire au fichier des douanes".
Au total, plus de la moitié des PME (53%) se disent mal préparées, et 47% estiment le contraire. "Nous avons appelé celles qui exportaient, explique la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie. Elles nous ont dit être conscientes qu’il y a le Brexit, mais ne pas avoir encore pris de mesures. C’est incertain, je me mets à la place des patrons de PME, qui se disent qu’il va encore y avoir des rebondissements et que cela ne va pas arriver. Mais il est possible que cela arrive dans dix jours". Existe-t-il encore un espoir de sortie négociée ? "Nous avons fait des pas ces derniers jours. Un accord a été repoussé et non rejeté samedi. Le Parlement doit voter ; il exige d’avoir quelques jours supplémentaires pour étudier l’accord. Mais on ne peut exclure qu’il y ait un Brexit dans les dix jours. Il faut que les entrepreneurs prennent le problème à bras le corps, qu’ils se renseignent. S’inscrire sur les douanes, c’est le début de la sagesse, pour dédouaner en deux minutes au lieu de plusieurs heures".
Des milliards de sanctions potentielles pour les États-Unis
Quel bilan dresser par ailleurs de la loi Egalim sur l’alimentation ? En effet, une étude de l’UNC dénonce l’échec de cette loi, parlant d’un chèque en blanc de 1,5 milliard d’euros à la grande distribution. "Sur la foi de l’inflation, on constate une inflation de 0,3% des prix et non 1,6%, conteste Agnès Pannier-Runacher. En réalité, les Français ont vu leur pouvoir d’achat progresser. L’évolution de la consommation fait que les gens sont allés acheter plutôt des premiers prix et des marques de distributeurs, avec un retour aux agriculteurs que l’on constate dans les produits frais. La plus grande augmentation des prix se fait sur le frais en libre service, + 3,7%. Après, c’est une loi passée au 30 octobre 2018. Il faut aller beaucoup plus loin. Nous avons mis une pression très forte aux distributeurs".
Quid des taxes américaines sur le vin français ? "À ce stade, l’heure est à la négociation avec les Américains. Nous avons, au regard de l'OMC, la capacité à imposer un certain nombre de sanctions dans quelques mois. On sait tous que cela sera un jeu perdant-perdant, mais c'est un levier que nous n'hésiterons pas à utiliser. Je pense que les Américains ont intérêt à revenir à la table des négociations. Nous pouvons leur imposer plusieurs milliards de sanctions. La croissance de la filière viticole est importante, notamment aux États-Unis. Il y a un intérêt pour les vins français, je ne suis pas sûre que ces sanctions aient une influence sur les volumes".
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