Devant les urgences de Challans, en Vendée, samedi 6 avril 2024, un brancardier a été violemment agressé et pris en charge en soins intensifs. Un acte dénoncé par le gouvernement. Louis Soulat, vice-président de Samu Urgences de France, assure que "son état est stabilisé" malgré un traumatisme crânien et "des fractures multiples, surtout des lésions intracérébrales". Il a néanmoins été entendu par les gendarmes au sujet de son agression alors que le suspect est toujours recherché.
"On connaît cet embouteillage au sein des urgences qui peut exacerber les tensions"
"Les informations, c’est que ce n’était manifestement pas prévisible. Ce sont des accompagnants qui ont prétexté des délais d’attente" trop longs. Un problème "qu’on constate souvent", souligne Louis Soulat. "On a des patients qui restent longtemps aux urgences faute de lits. Et on connaît cet embouteillage au sein des urgences qui peut exacerber les tensions", explique-t-il. Il demande, face à la multiplication de ces agressions, de "sécuriser nos services". Une demande qui n’est pas exceptionnelle : "ce sont des choses qui se font déjà", notamment la nuit avec des agents de sécurité. "Certainement qu’il va falloir aller vers un accès régulé aux services des urgences."
D’autant plus que l’agression s’est déroulée "en pleine journée, dans une structure de moyenne activité". Les violences se déplacent donc vers des structures moins en tension. "Tout le monde est exposé et ça devient de plus en plus fréquent", déplore le vice-président de Samu Urgences de France.
"Il faut toujours rappeler que les services d’urgence sont souvent la porte d’entrée unique de tous les maux de la société"
La violence semble s’exacerber car elle s’est "majorée depuis le Covid", souligne Louis Soulat. "Mais il faut toujours rappeler que les services d’urgence sont souvent la porte d’entrée unique de tous les maux de la société, de toutes les urgences médico-sociales. Et on mélange des patients qui ont de vraies pathologies somatiques, des patients qui ont des pathologies psychiatriques graves qui décompensent, et d’autres pathologies liées à la consommation d’alcool et tout ça." Les locaux, jugés "inadaptés" par Louis Soulat, sont en partie responsables de cette augmentation des violences.
"C’est de la violence gratuite", rappelle l’urgentiste. Et elle est liée au manque de moyens de l’hôpital. Les patients et les accompagnants sont "très critiques", tandis que les soignants sont "pris au piège". Les délais de prise en charge sont longs, si bien que "les patients et les familles deviennent très suspicieux", ce qui augmente les tensions.
Violences aux urgences : "Les dépôts de plainte sont beaucoup plus facilités avec les forces de l’ordre"
L’Assemblée nationale a adopté, en première lecture, une loi visant à sanctionner plus lourdement les violences commises dans le milieu de la santé à l’encontre des soignants. Une bonne nouvelle, pour Louis Soulat. "C’est important, c’est quelque chose qui a été initié après le décès sur Reims." En 2023, en effet, deux soignantes ont été agressées au couteau et une infirmière de 37 ans, est décédée de ses blessures. Du côté des soignants, souligne Louis Soulat, il ne faut pas "banaliser ses actes" et faire des "déclarations systématiques". "Les dépôts de plainte sont beaucoup plus facilités avec les forces de l’ordre", explique-t-il par ailleurs.
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