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Agriculteurs: visite tendue d'Arnaud Rousseau à Agen, la bataille FNSEA-CR se durcit

Le déplacement du président de la FNSEA Arnaud Rousseau à Agen (Lot-et-Garonne), fief de la Coordination rurale, a été perturbé vendredi par ce virulent syndicat concurrent, épilogue d'une semaine de mobilisation agricole qui lance la bataille des élections professionnelles fin janvier.

Thibaud MORITZ - AFP

Le déplacement du président de la FNSEA Arnaud Rousseau à Agen (Lot-et-Garonne), fief de la Coordination rurale, a été perturbé vendredi par ce virulent syndicat concurrent, épilogue d'une semaine de mobilisation agricole qui lance la bataille des élections professionnelles fin janvier.

La venue d'Arnaud Rousseau pour le Congrès national des producteurs de légumes s'est heurté à un accueil hostile de la part de la CR47: une cinquantaine de militants s'est rassemblée à la mi-journée face à des CRS postés devant les grilles du parc des expositions où se trouvait le préfet du département.

Dans une atmosphère électrique, ils ont hué le patron de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire au niveau national, le laissant rejoindre son véhicule sous escorte policière.

"Vous ne l'empêchez pas de sortir mais qu'il voie bien qu'en Lot-en-Garonne, on est chez nous", a lancé à ses troupes Serge Bousquet-Cassagne, président (CR) de la chambre d'agriculture du département.

"Les gars, on peut discuter mais pas comme ça", a réagi Arnaud Rousseau avant de s'engouffrer dans sa voiture.

Des agriculteurs de la Coordination paysanne manifestent à Agen, le 22 novembre 2024

Des agriculteurs de la Coordination paysanne manifestent à Agen, le 22 novembre 2024

Thibaud MORITZ - AFP

Elle a démarré en trombe et des militants ont essayé de bloquer sa sortie du parking en déplaçant des chariots de supermarché et des tracteurs. Plusieurs entrées de la zone commerciale avaient été barrées par des feux de déchets, du lisier et des détritus.

Le président de la FNSEA, dans une déclaration à l'AFP, a déploré des "méthodes lamentables" et des "menaces pas acceptables".

"Que la FNSEA soit ciblée, ce n'est pas la première fois, mais là, que ce soit par des agriculteurs, ça m'interroge parce que ça ne fait pas avancer le projet agricole", a-t-il dit. "Ca cherche l'escalade, le buzz. Ces gens ne travaillent pas à chercher des solutions", a-t-il affirmé.

- Accueil musclé -

Cette confrontation intervient à quelques semaines du scrutin visant à élire les chambres d'agricultures départementales. La Coordination rurale, qui en préside trois actuellement, dont celle de Lot-et-Garonne depuis deux décennies, espère briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président du syndicat agricole FNSEA, Arnaud Rousseau, à son arrivée au congrès des Légumes de France à Agen, le 22 novembre 2024

Le président du syndicat agricole FNSEA, Arnaud Rousseau, à son arrivée au congrès des Légumes de France à Agen, le 22 novembre 2024

Thibaud MORITZ - AFP

Jeudi soir, la FDSEA47 avait accusé la Coordination rurale, textos à l'appui, de vouloir perturber la venue d'Arnaud Rousseau.

Serge Bousquet-Cassagne réclamait de son côté un entretien avec le patron de la FNSEA, que ce dernier a refusé. "Si (Arnaud) Rousseau parle, c'est avec Véronique Le Floc'h (présidente nationale de la CR, NDLR), c'est tout", s'est justifiée la FDSEA47.

"Il a pris peur, alors que notre intention n'était absolument pas de le garder en otage", a répondu Serge Bousquet-Cassagne. "Tant pis. Les paysans de France (...) auront compris qui les défend et qui ne les défend pas."

"Après la chasse à (Marine) Tondelier, le tapis rouge à (Jordan) Bardella, ils veulent la chasse à Rousseau. C'est ça, la démocratie?", a réagi auprès de l'AFP Emilie Etcheverry, directrice de la FDSEA47.

Fin mars 2023, la Coordination rurale avait réservé un accueil musclé à la secrétaire nationale des écologistes et le 10 novembre dernier, Serge Bousquet-Cassagne avait accueilli le président du Rassemblement National, en visite dans le département, "comme le messie".

- "Chaos" -

La dernière action d'envergure menée cette semaine par la CR, le blocage du port de commerce de Bordeaux, entamé mercredi soir, s'est achevée vendredi matin.

José Pérez, coprésident de la CR47, a estimé que le Premier ministre Michel Barnier avait répondu aux revendications concernant la "surtransposition" des règles imposées par l'Union européenne, qui pénaliserait certaines filières.

La CR des Landes a débloqué également une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan. Deux autres plateformes de la grande distribution restaient bloquées vendredi en Charente et, dans l'après-midi, des agriculteurs ont pris position devant une base logistique du géant de la grande distribution Carrefour à Colomiers, près de Toulouse.

Selon les autorités, 335 agriculteurs avec 186 engins agricoles étaient mobilisés à la mi-journée dans sept départements, principalement dans le Sud-Ouest et le Sud.

Les prochaines manifestations, à l'appel de la FNSEA, doivent avoir lieu mardi, mercredi et jeudi.

Les agriculteurs en colère réclament, entre autres revendications, des garanties d'amélioration de leurs revenus et le rejet d'un projet d'accord avec des pays latino-américains du Mercosur.

Vendredi, la Pologne a exprimé son rejet de cet accord, à l'occasion d'une visite de la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard. Paris tente de rallier d'autres pays pour bâtir une minorité de blocage à l'accord au sein de l'UE.

tsq-gwb-jed-mca-sb/cho/jum/or

Par Thomas SAINT-CRICQ, Gwladys BONNASSIE avec Jean DECOTTE à Bordeaux / Agen (AFP) / © 2024 AFP

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