Après avoir voyagé de nombreuses fois dans le Proche-Orient et l'Asie centrale et s'être converti au catholicisme, Alexandre Goodarzy s'est engagé dans l'ONG SOS Chrétiens d'Orient. En 2020, il a été enlevé avec trois autres français et un traducteur en Irak. Il raconte son parcours d'une Syrie en guerre aux geôles des chiites.
"Une obsession permanente sur le gouvernement syrien"
Depuis vingt ans, Alexandre Goodarzy voyage dans ces régions. En Syrie, il a pu s'y rendre plusieurs fois entre 2003 et 2008, avant la révolution et la longue guerre. En 2015, il retrouve "une Syrie défigurée, meurtrie, au bord de la mendicité", bien loin du pays "qui vivait en autosuffisance jusqu'ici, qui faisait davantage d'exportations que d'importations", note le salarié de SOS Chrétiens d'Orient.
Sur le terrain, le contraste se perçoit rapidement "avec l'obsession permanente sur le gouvernement syrien". Un régime "autoritaire séculier, vulgairement appelée une dictature" mais qui est opposé à "une nébuleuse de groupes djihadistes, dont les locaux ont ouvert leurs portes aux djihadistes étrangers". Le tout sous "un aveuglement volontaire ou naïf de beaucoup de puissances de l'Ouest", souligne Alexandre Goodarzy, qui pointe notamment "les tribunes laissées à Al-Nostra".
"Daech reforme ses rangs".
Parmi les Syriens, l'attitude de la France, "considérée comme leur mère" est incomprise. Dans les manifestations du printemps 2011, "il y avait des Syriens de toutes les conditions, toutes les ethnies dans la rue", explique le directeur adjoint des opérations. "La manière dont les djihadistes ont phagocyté les rangs des révolutionnaires de la première heure a totalement discrédité le mouvement et a jeté ces révolutionnaires dans les bras du gouvernement", explique-t-il. Des opposants de la première heure qui "en veulent énormément à ceux qui ont terni les principes même de la révolution du début".
[#BercoffSudRadio]@AlexGoodarzy, responsable Développement chez SOS Chrétiens d'Orient, auteur #guerrierdelapaix
🗣"Je reproche à la France de se cacher sur pas mal de sujets, on a perdu toute combativité, toute forme de courage"
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— Sud Radio (@SudRadio) March 24, 2021
Déjà fortement touchée par les conséquences économiques d'une décennie de guerre, la Syrie se retrouve désormais sous embargo. "Ce n'est plus une conséquence de guerre, l'asphyxie économique est une arme de guerre braquée sur la tempe des Syriens", dénonce Alexandre Goodarzy. Une stratégie qui pourrait donner "la force à Daech de reformer ses rangs". Surtout que le groupe islamique peut s'appuyer sur "l'illégitimité des positions kurdes dans ces régions, soutenues par les Américains". "C'est un double facteur du regain de Daech qui n'est jamais vraiment mort dans l'est syrien", prévient-il.
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