Que retenir des 27 minutes d’intervention du président de la République ? Jean-François Cibien, vice-président de Samu urgences de France, y réagit sur l’antenne de Sud Radio.
Des oublis dans les remerciements
"Outre la longueur de l’allocution, il y a de mon point de vue deux oublis importants, estime celui qui est également médecin urgentiste au Centre hospitalier Agen-Nérac et au Samu 47. D’abord, en termes de remerciements, il manque les assistants de régulation médicale, les ARM. Ces personnes qui décrochent, les fantassins du téléphone. Ils ne sont pas reconnus comme soignants dans ce pays, comme les ambulanciers SMUR. Il faudra un jour les valoriser. Deuxième oubli : on n’a pas parlé des bénévoles des associations qui, de jour comme de nuit, œuvrent pour les personnes les plus défavorisées en France."
"Après, pour moi, il y a une erreur majeure : chaque citoyen est en première ligne, estime Jean-François Cibien. La première barrière, c’est vous. L’épidémie n’est pas enrayée, il n’y a pas d’immunité collective. L’aura-t-on dans un mois ? Je ne pense pas. Le virus est invisible, virulent, et le confinement est une mesure essentielle." "On a mis en place pour demain un système appelé le Sas qui nous servira pour après, souligne par ailleurs l’urgentiste. Les gens appellent un numéro santé, on peut les laisser à la maison, et en cas de doute, on les prend en charge." Quid de la vague du virus en Nouvelle-Aquitaine ? "Le sud-ouest et le sud-est ont été protégés, le principe de confinement a permis d’écréter le pic pour étaler les entrées dans les urgences. Mais nos collègues de Paris et de l’est nous ont dit "attention, même s’il y a une diminution du nombre de cas."
Penser à la fatigue des soignants
Sur le déconfinement, "la question est claire : que va-t-il se passer cet été si on le loupe en termes de mortalité ? Sincèrement, je n’ai pas les réponses, ni sur les masques. Et il ne faudra surtout pas oublier les gants." Si l’on respecte les consignes, comment se passera la sortie progressive le 11 mai ? "Si vous écoutez bien le message du président, il a dit « on se revoit le 11 mai ». À aucun moment, il n’ a dit que la fin serait le 11 mai. Je crois que ce sera une date charnière."
"Il faut rappeler aux auditeurs qu’on a fermé 80.000 lits en dix ans, avec un nombre de lits de réanimation en diminution, souligne le vice-président de Samu urgences de France. Cela nous a posé un grand problème. En Ile-de-France, on est passé de 700 lits de réanimation en nominal à 2800 patients accueillis en une journée. Différents patients ont été ventilés sur d’autres régions moins touchées. Il faut aussi penser à la fatigue des soignants. Je sors d’une garde de 24 heures de travail consécutif, c’est de l’esclavage moderne ! Et pensez à la lourdeur de prise en charge de ces patients. On les garde 20 à 30 jours en réanimation, avec des méthodes très lourdes. "
Cliquez ici pour écouter “le coup de fil du matin”
Retrouvez "le coup de fil du matin" du lundi au vendredi à 7h12 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
Sur quelle fréquence écouter Sud Radio ? Cliquez-ici !