André Bercoff : "On a beaucoup parlé d'économie mais pas beaucoup d'identité"
Le livre Le retour des peuples (Hugo Doc) d'André Bercoff, qui sort le jeudi 2 mai 2019, est un véritable pamphlet. Pour André Bercoff, "c'est un espèce d'essai-pamphlet à partir de ce qu'il s'est passé en France avec les Gilets Jaunes, mais ce n'est pas du tout un livre sur les Gilets Jaunes.
C'est un livre qui essaie de montrer ce qu'il s'est passé. Pourquoi en Europe, en Amérique et un peu partout, une partie de la classe moyenne au sens le plus large s'est retrouvée coincée entre deux nomadismes : le nomadisme d'en haut, la mondialisation, et le nomadisme d'en-bas, une certaine immigration de masse. Les problèmes économiques engendrés par la mondialisation : des milliards de gens sont sortis de la pauvreté dans les pays dits du tiers-monde et en développement, ce qui est une bonne chose, mais en Europe et ailleurs, il y a eu une espèce de désindustrialisation, avec des produits fabriqués ailleurs et qui reviendraient, s'ils était produits ici, à des coûts beaucoup plus chers.
Ce côté identitaire : on a parlé beaucoup d'économie mais pas beaucoup d'identité : qui on est ? Ce que c'est qu'être français, polonais ou européen ? Et c'était vrai en Amérique".
"Le capitalisme de connivence, où on case et recase les copains, est une tradition à gauche comme à droite"
Dans son livre, André Bercoff revient sur ce qu'il s'est passé aux États-Unis et fait un parallèle entre l'Alabama et la Creuse, où on connaît des situations un peu identiques. "La Creuse ou la Corrèze sont beaucoup plus pauvres qu'un certain nombre de quartiers et ce banlieues. Il y a eu cette réaction incroyable de ce que j'appelle les peuples. Il n'y a pas LE peuple mais DES peuples. Cette extraordinaire montée des gens qui disent que ça ne va plus et remettent les choses sur la table."
André Bercoff explique dans son livre pourquoi il y a eu la naissance du mouvement des Gilets Jaunes, qui vient de la séparation entre les élites et le peuple d'en-bas. "Il y a une véritable endogamie. Attention, ça ne veut pas dire qu'on est anti-élite ! Quand je parle du clergé politico-médiatique et de la noblesse capitalo-administrative, je ne suis pas contre le capitalisme, il n'y a pas d'alternative, on l'a vu historiquement, mais le capitalisme de connivence, où on case et recase les copains, c'est une tradition à gauche comme à droite, qui existe depuis longtemps. Et le tiers état est complètement fissuré. Dans le livre de l'abbé Sieyès écrit en janvier 1789, il y a des choses étonnantes par rapport à ce qu'on vit aujourd'hui."
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