Tandis que la pandémie de Covid-19 se poursuit, un an après les premiers cas, le philosophe André Comte-Sponville publie un nouveau livre aux éditions Robert Laffont, Que le meilleur gagne. Il revient sur cette année inédite dans l’histoire récente de l’Humanité.
Le "panmédicalisme" est "une logique folle"
"Au début, j’ai été surpris d’avoir si peu peur" malgré un taux de mortalité annoncé comme élevé et estimé à plus de 1%. "Maintenant, on sait qu’il est en-dessous de 1%", souligne l’auteur. Toutefois, ensuite, il avoue avoir eu "un peu plus peur" mais non pas du virus en lui même ; car "notre société était en train d’entrer dans une logique folle, que j’ai appelée le ‘panmédicalisme’, c’est-à-dire une idéologie qui fait de la santé la valeur suprême".
Une idéologie qui a tort, estime André Comte-Sponville, car la santé n’est pas "une valeur" mais "un bien". De plus, lorsqu'on fait de la santé cette valeur suprême, alors "la priorité des priorités, ça devient les plus fragiles".
Résultat : "on va sacrifier deux générations", à savoir les jeunes et très jeunes d’un côté, et les jeunes adultes de l’autre, "à la santé de leurs parents ou de leurs grands parents".
[#SudRadio] @andrebercoff
André Comte-Sponville, philosophe @robert_laffont
"Arrêtons de faire de la santé la valeur suprême. C'est important mais la liberté, la justice, l'amour sont des valeurs supérieures."
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"Les gens finissent par comprendre"
Finalement, "maintenant ça va un peu mieux parce que les gens finissent par comprendre" qu’il n’y pas que la santé mais qu’il faut tenir compte de donnée très vastes, comme l’économie ou le social. "Je m’inquiétais du fait que les politiques semblaient soumis aux diktats médicaux, c’est moins vrai aujourd’hui", analyse l’auteur de Que le meilleur gagne.
"La situation, je ne dirais pas médicale, mais politique, idéologique, évolue malgré tout dans le bon sens."
"La peur depuis toujours est mauvaise conseillère"
Il rappelle avoir, au début de la pandémie, signé une tribune "contre la politique de la peur" qui a été, selon lui, utilisée massivement et, surtout, "relayée par les médias". "Les hommes politiques n’ont pas suffisamment résisté" à cette politique, juge-t-il, alors que "la peur depuis toujours est mauvaise conseillère".
S’il concède que "la Covid-19 tue" et qu’il faut "soigner les gens", "rappelons malgré tout que la mort fait partie de la vie". "Arrêtons de faire croire qu’il s’agit d’une espèce d’hécatombe, ce n’est pas vrai."
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