Pour la maire de Paris Anne Hidalgo, le succès des Jeux olympiques a balayé le flot "d'attaques +trumpistes+" de la droite parisienne portées par sa rivale Rachida Dati contre sa politique de transformation de la capitale qui réduit la place de la voiture.
Arrivée en fin de mandat, l'édile socialiste continue de maintenir le suspense sur une troisième candidature en 2026. "Le temps n'est pas encore venu", estime Anne Hidalgo dans un entretien à l'AFP, démentant les "rumeurs" d'un départ à Bruxelles pour y prendre la tête d'une fondation.
"Elle n'a pas envie de se représenter, c'est assez clair pour tout le monde", juge cependant auprès de l'AFP un proche d'Anne Hidalgo, 65 ans, arrivée aux commandes de l'Hôtel de Ville en 2014.
En attendant, la maire PS semble tenir sa revanche contre Rachida Dati, ministre de la Culture en lice pour la mairie de Paris, et le "+Hidalgo bashing+" dont elle a été l'objet via le mouvement #SaccageParis sur les réseaux sociaux, notamment après son score, historiquement bas, à la présidentielle de 2022.
Cet été, le succès des Jeux olympiques a "confirmé aux yeux de tous que Paris est la plus belle ville du monde, qu'elle était capable de se transformer, d'être plus apaisée, d'avoir moins de pollution tout en préservant son patrimoine", estime l'élue.
Une "réussite" venue couronner "neuf ans de travail" et qui a fait "s'écrouler comme un château de cartes toutes ces polémiques stériles que nous avions subies". Des "mensonges portés principalement par la droite trumpiste de Rachida Dati", maire du VIIe arrondissement dont le groupe d'opposition "Changer Paris" a été rétrogradé récemment en deuxième position au Conseil de Paris.
"Ils ont tellement hurlé, tellement été dans l'outrance, et tellement repris en écho par tout le monde y compris les médias +mainstream+, que les gens ont fini par croire que les JO, ça serait l'enfer".
- "Anticorps" -
"Pendant les Jeux, j'ai été arrêtée tous les jours dans la rue par des gens qui me disaient +Mais comment on a pu nous raconter des choses pareilles ?+. Et ça continue", raconte-t-elle.
"Ca crée des anticorps", confie la maire. Elle se félicite qu'Emmanuel Macron, qu'elle a rencontré seule en octobre - une première depuis 2017 - "partage" sa vision de l'héritage des JO. Tant sur les anneaux sur la tour Eiffel, qu'elle veut maintenir jusqu'en 2028, que sur la transformation de l'axe tour Eiffel/pont d'Iéna/Trocadéro, site emblématique de la capitale "magnifié" par les Jeux.
Après la piétonisation partielle du pont d'Iéna, la municipalité projette de transformer le rond-point du Trocadéro, devant le Palais de Chaillot, pour y réduire la place de la voiture comme sur la place de la Bastille.
Un projet auquel s'oppose le maire de droite du XVIe arrondissement, et "auquel la +droite Dati+, évidemment, s'opposera aussi car elle a fait de la bagnole son cheval de bataille", soupire la maire PS.
"On se doute qu'elle a des liens très forts avec le monde de l'automobile", glisse-t-elle alors que Rachida Dati est poursuivie pour corruption dans un volet de l'affaire Carlos Ghosn, quand il était PDG de Renault-Nissan. La ministre nie toute irrégularité et demande l'abandon des poursuites pour prescription.
"J'espère que la justice fera son travail et qu'à l'approche de 2026, les Parisiens sauront exactement pour qui travaille Madame Dati", cingle la maire PS.
Ses dernières mesures phares, la limitation de la vitesse à 50 km/h sur le périphérique et la mise en place d'une "zone à trafic limité" dans l'hypercentre, ont suscité la polémique sur sa manière de décider.
"Depuis plus de dix ans, la droite, Rachida Dati, Valérie Pécresse (présidente LR de la région Ile-de-France)... disent que je n'ai pas concerté, et considèrent que les véhicules électriques vont tout résoudre. Sauf que depuis 2012, la pollution à Paris a baissé de 40% et c'est totalement corrélé à la baisse du trafic qui est aussi de 40%", relève l'édile. "Ce que je leur reproche, c'est le manque d'honnêteté intellectuelle en modifiant la réalité des données scientifiques, alors que les faits sont là".
A l'horizon 2030, il est "absolument indispensable" de continuer à réduire la pollution atmosphérique "qui fait 2.500 morts par an à Paris". Elle souhaite poursuivre en ce sens sa "révolution douce" comme la piétonisation des "rues aux écoles" plébiscitées par tous les Parisiens, y compris l’essentiel des maires de droite.
Par Juliette COLLEN / Paris (AFP) / © 2024 AFP