Reportage Sud Radio d'Alexandre de Moussac
Vincent Grondin, professeur à La Courneuve, est démobilisé. Venu saluer la mémoire de Christine Renon, il se dit de plus en plus vulnérable:
"Je travaille avec des enfants qui n'ont pas le même niveau qu'ailleurs. Je travaille avec des enfants en difficulté sans avoir les moyens humains ni financiers pour pouvoir les emmener là où on veut que je les emmène. Et on va avoir la pression de la hiérarchie qui nous demande d'arriver à remplir des objectifs, sauf que je n'ai pas les moyens de le faire"
Pas les moyens, pas le temps non-plus pour cette contractuelle d’aider ses élèves de petite section comme elle le voudrait. "On veut plus de temps dans nos classes, plus de temps pour discuter avec les parents, plus de temps pour s'occuper des enfants et être moins emmerdé par les démarches administratives. On est pleins de bonne volonté mais on veut pas perdre notre bon sens parce qu'on est aussi là pour leur inculquer, le bon sens, aux élèves. On préférerait mettre les mains dans la terre, faire des trucs de la vraie vie; Et on n'en a plus le temps ni bientôt plus le droit".
Inégalité criante entre Paris et la Seine-Saint-Denis
Et il y a un adversaire commun dont le nom est scandé, c’est le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dont ce professeur ne veut plus entendre parler.
"J'ai rien à dire à ce monsieur si ce n'est que l'établissement le moins bien doté de l'Académie de Paris a autant de moyens que l'établissement le plus doté du 93... ça veut tout dire !"
Une marche blanche en mémoire de Christine Renon, demandée par les syndicats enseignants, est prévue à Pantin ce samedi.
Souffrance au travail
Grégory Thuizat, professeur de français et co-secrétaire départemental du SNES FSU 93, évoque les responsabilités écrasantes qui pèsent sur ses collègues:
"Des managériales harassent la profession, détruisent et tuent comme à la Poste ou France Télécom il y a des années. On est confronté qu quotidien à des gens qui souffrent au travail" - Grégory Thuizat