Au lendemain d'une rixe mortelle entre adolescents lundi soir devant le lycée Louis-Armand à Yerres (Essonne), le maire et les jeunes interrogés par l'AFP sur place redoutaient que ce meurtre conduise à une escalade des violences entre quartiers rivaux.
"Les jeunes ici, quand il y a un mort, ils veulent toujours une vengeance", s'alarme Helida, lycéenne, qui précise avant de rentrer en cours ne pas se sentir "vraiment en sécurité" malgré la présence des forces de l'ordre.
"On a juste une envie, c’est de rester chez nous et de ne pas venir", déclare, la voix tremblante, Victoria, une élève de 17 ans en terminale. Très choquée, elle a assisté à toute la scène la veille: "Je suis angoissée. Je n'arrivais pas à me lever ce matin. Je n'arrivais pas à dormir hier..."
"Je supplie les jeunes de Yerres, d'ici, de Brunoy, et des autres quartiers, parce qu'on est dans une agglomération où il y a des rixes et où il y a des rivalités de bandes, (...) de ne pas rajouter de drame au drame", a insisté le maire Olivier Clodong devant la presse, avant le début des cours.
Lundi, "une vingtaine d'individus à peu près (...) se sont retrouvés ici, derrière, près du lycée (...) et dans la bagarre, il y a eu un coup de couteau. Un des jeunes était armé d'un couteau et l'a poignardé au dos", a encore détaillé l'édile qui évoquait lundi soir "une quinzaine" de jeunes impliqués.
La victime, âgée de 17 ans et originaire du quartier des Hautes-Mardelles de Brunoy (Essonne), a été poignardé aux alentours de 17H00 alors qu'il se trouvait devant le lycée professionnel, où il n'était pas scolarisé, avait précisé le procureur de la République Grégoire Dulin. Le jeune homme a succombé à ses blessures.
Une enquête pour homicide volontaire et violences volontaires en réunion a été ouverte et six personnes ont été placées en garde à vue, selon le magistrat.
Mardi matin, le maire de Yerres a indiqué à la presse que dix interpellations avaient eu lieu, ce que ne confirme pas le parquet d'Evry.
- "Ils peuvent revenir" -

Une lycéenne parle à la presse le 25 mars 2025 devant le lycée Louis Armand à Yerres, en banlieue parisienne, au lendemain du décès d'un adolescent de 17 ans poignardé devant l'établissement
GEOFFROY VAN DER HASSELT - AFP
Après une "nuit calme, même si quelques jeunes rôdaient", selon l'édile, l'heure est désormais à l'appel au calme.
Une vingtaine de policiers nationaux et municipaux ont été déployés devant l'établissement et des fonctionnaires de la Brigade régionale de sécurité (BRS) fouillaient mardi matin les sacs des élèves à l'entrée.
"Ça me rassure un peu, mais on sait très bien que s'ils veulent revenir, ils peuvent revenir", estime Alexandra, élève de première au lycée Louis-Armand.
"C'est arrivé l'année dernière, mais il n'y avait pas eu de mort", renchérit son amie Lilia, en classe de première également. Elle n'a pas assisté à la scène mais admet que cela lui fait "un peu peur", comme plusieurs lycéennes interrogées par l'AFP. Toutes ont en tête les rivalités qui opposent les deux quartiers voisins.
Leurs camarades masculins se montrent, eux, très réticents à parler à la presse.
"Ca s'est déjà passé une fois avec un garçon, et heureusement il a survécu", se remémore Helida, qui assure qu'il "y a toujours des affrontements entre les deux quartiers". "Je trouve ça honteux que les jeunes se battent encore pour des choses inutiles."
Lundi soir, une réunion a eu lieu à la préfecture de l'Essonne entre maires du département et services de police et de gendarmerie sur la question des rixes.
"La semaine dernière ça s'est pas mal agité sur les rixes, notamment sur ce secteur là, à Brunoy... On a voulu monter une réunion pour remobiliser un peu tout le monde", a indiqué à l'AFP la préfète Frédérique Camilleri.
Interrogé sur BFMTV dans la foulée du drame, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a lui pointé du doigt "un ensauvagement des mineurs" et une politique pénale "trop laxiste" les concernant.

La police devant l'entrée du lycée Louis-Armand à Yerres le 25 mars 2025, au lendemain du décès d'un jeune de 17 ans poignardé devant cet établissement en banlieue parisienne
GEOFFROY VAN DER HASSELT - AFP
L'Essonne, département du sud de l'Île-de-France qui compte 1,3 million d'habitants, est régulièrement le théâtre d'affrontements entre bandes d'adolescents venus de quartiers rivaux.
Un quart des rixes recensées en France ont lieu dans ce département, avaient noté des responsables politiques lors d'une conférence sur le sujet il y a quelques mois.
Par Anne ROLANDIN, avec Marin LEFEVRE / Yerres (France) (AFP) / © 2025 AFP