L'homme accusé de l'attaque à la feuille de boucher devant les anciens locaux de Charlie Hebdo a justifié jeudi son geste par son éducation religieuse stricte au Pakistan, imprégnée de haine envers ceux qui "se moquent du prophète" de l'islam.
"Aujourd'hui je reconnais que ce j'ai fait est un acte de terrorisme. Je comprends", a déclaré Zaheer Mahmoud depuis le box des accusés devant la cour d'assises spéciale des mineurs, avant d'expliquer qu'à l'époque des faits il pensait "faire le bien pour l'islam".
Le principal accusé a raconté son enfance au Pakistan dans une famille pratiquante avec un père religieux.
"Dans mon pays, si quelqu'un se moque du Prophète il est puni de mort car il faut respecter les religions", a expliqué Zaheer Mahmoud.
L'attaque a eu lieu le 25 septembre 2020, en plein procès des attentats de janvier 2015 ayant ciblé notamment Charlie Hebdo. L'hebdomadaire satirique faisait l'objet de nouvelles menaces depuis qu'il avait republié les caricatures de Mahomet le jour de l'ouverture de l'audience.
Aux alentours de 11H40, Zaheer Mahmood était arrivé devant un immeuble de la rue Nicolas-Appert (XIe arrondissement de Paris), armé d'une feuille de boucher. Il avait blessé grièvement deux employés de l'agence de presse Premières Lignes, pensant s'attaquer à des salariés de Charlie Hebdo, ignorant que le journal avait quitté les locaux après l'attentat de 2015.
En garde à vue, l'assaillant avait justifié son geste par ses convictions religieuses: "J'ai réglé une injustice, ils avaient commis un crime en publiant les caricatures, ils sont bien punis".
"C'est ce que je pensais à cette époque-là, c'est vrai", a soupiré Zaheer Mahmoud qui a multiplié les demandes de pardon aux deux victimes de l'attaque depuis le début de son procès.
À la barre, il a expliqué le choc ressenti en arrivant seul en France, clandestinement, en 2018. Éloigné de sa famille dans un pays qu'il ne connaissait pas, il a raconté avoir trouvé du réconfort sur les réseaux sociaux.
C'est sur TikTok qu'il se serait pris de passion pour les prêches de Khadim Hussain Rizvi, fondateur d'un parti islamiste radical pakistanais prônant la décapitation pour ceux qui sont accusés de blasphème.
"J'étais influencé, on nous disait que c'était notre devoir", a-t-il expliqué.
À l'en croire, Zaheer Mahmoud aurait pris conscience de la gravité de ses actes en détention. "Je sais que j'ai commis une grave erreur".
"Vous dites beaucoup que vous regrettez mais auriez-vous les mêmes regrets si les personnes que vous avez attaquées avaient bien été des journalistes de Charlie Hebdo"? l'a interrogée la présidente.
- "Oui tout à fait", a répondu Zaheer Mahmoud.
Son interrogatoire doit se poursuivre vendredi.
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP