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Au procès de la rue d'Aubagne, les prévenus contestent en bloc

Au deuxième jour du procès des effondrements de la rue d'Aubagne, les 16 prévenus ont contesté en bloc les faits reprochés, l'ex-adjoint LR au maire de Marseille de l'époque estimant même être le "bouc émissaire idéal" de ce drame du logement indigne.

Christophe SIMON - AFP

Au deuxième jour du procès des effondrements de la rue d'Aubagne, les 16 prévenus ont contesté en bloc les faits reprochés, l'ex-adjoint LR au maire de Marseille de l'époque estimant même être le "bouc émissaire idéal" de ce drame du logement indigne.

"L’évocation du drame suscite forcément l’émotion chez tout un chacun", a commencé Julien Ruas, qui gérait au moment des faits en 2018 la prévention et la gestion des risques urbains en tant qu'adjoint de Jean-Claude Gaudin.

Mais "j'ai le sentiment d'être traité comme le bouc émissaire idéal dans cette affaire, je viens défendre mon honneur et les services municipaux et démontrer qu’il n’y a aucun lien de causalité entre les manquements qui me sont reprochés et la réalité" de cette catastrophe qui avait coûté la vie à huit locataires du 65 rue d'Aubagne, a ajouté le quadragénaire, en costume sombre.

Même positionnement du côté des copropriétaires qui contestent leur présence sur le banc des prévenus après avoir été cités directement par certaines des 87 parties civiles.

"Mon appartement, Je sais pas où il était indigne. J'ai des preuves des travaux. J'ai toujours fait ce qu’il fallait", lance Gilbert Ardilly.

"Nous étions condamnés quoi qu’il arrive, propriétaire égal assassin. Un propriétaire n’est pas le gardien des parties communes", estime lui Xavier Cachard, par ailleurs ex-élu du conseil régional et avocat.

Richard Carta, l'expert-architecte qui est soupçonné d'avoir bâclé son expertise, réalisée moins de trois semaines avant ce 5 novembre 2018, assure lui que si les travaux qu'il avait préconisés "avaient été faits correctement", il est "certain que l'effondrement n'aurait pas eu lieu".

Ces premières prises de paroles ont été prononcées en fin d'audience, dans une salle clairsemée par rapport à la foule de jeudi mais face à des familles pleines d'attentes.

Le président du tribunal, Pascal Gand, avait lui-même insisté en préambule la veille sur le "traumatisme" qu'avaient constitué ces effondrements pour tous les Marseillais dans une ville toujours rongée par les taudis. Estimant aussi que les procès visent "à prévenir la survenue, dans l'avenir, de faits similaires".

- "âpreté au gain, rapacité" -

Ce dossier "n'est pas seulement celui de la lèpre de l'habitat indigne, de l'incurie des politiques", c'est aussi celui de "l’âpreté au gain, la rapacité des propriétaires-bailleurs", a insisté de son côté Me Emmanuel Daoud, avocat notamment de la famille de Julien Lalonde, un des huit morts.

Initialement, seuls quatre prévenus avaient été renvoyés devant le tribunal par les juges instructeurs : l'ex-adjoint au maire, l'expert architecte, un syndic et un bailleur social. Mais des parties civiles avaient cité à comparaître directement une dizaine de copropriétaires.

"L'information judiciaire s'est complètement désintéressée des copropriétaires" et "avec les familles, il paraissait totalement impossible qu'ils ne soient pas présents à ce procès", avait expliqué à l'AFP lundi Me Brice Grazzini, qui représente une trentaine de parties civiles.

Une banderole "Déjà 6 ans, ni oubli ni pardon", le 5 novembre 2024 à Marseille, en hommage aux victimes qui ont perdu la vie le 5 novembre 2018 dans l'effondrement de deux immeubles de la rue d'Aubagne

Christophe SIMON - AFP

Au delà des victimes directes, il y a "une réponse à donner pour le peuple marseillais", a également insisté Me Mourad Mahdjoubi, reprenant le phrasé des supporters de l'Olympique de Marseille, à quelques heures d'un match au Vélodrome où justement un tifo de soutien devrait être déployé.

"Personne n'a oublié où il était le 5 novembre 2018" mais "on attend tellement de ce procès que ça donne le vertige", a répondu Christophe Bass, l'avocat du syndic, le cabinet Liautard. Reconnaissant l'émotion légitime, les avocats de la défense ont néanmoins demandé à la cour de se placer sur le terrain du droit.

Dans les citations directes, "vous n'avez pas de détails" sur ce qui est reproché, sur la nature des travaux mis en cause, les dates. "Donc nous n'avons pas d'éléments pour nous défendre correctement", a plaidé Me Ophélie Kirsch qui représente plusieurs copropriétaires.

Le président du tribunal correctionnel a "joint au fond" ces demandes des avocats, c'est-à-dire qu'ils seront tranchés dans le jugement.

A partir de mardi, le procès entrera dans le vif du sujet avec notamment l'audition attendue de la directrice d'enquête.

Par Sandra LAFFONT / Marseille (AFP) / © 2024 AFP

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