L'AFP rapporte que des notes confidentielles de défense, émises par la DGSI, révèlent des détails sur un vieux projet d'attentat visant le Bataclan. Une menace bien antérieure aux attaques du 13 novembre, au cours desquelles 90 personnes avaient été tuées dans la salle de concert.
Les documents, récemment déclassifiés suite à une requête de l'avocat des victimes, font ainsi état d'une menace datant de 2009, laquelle est apparue au détour d'une enquête sur la mort d'une lycéenne française, le 22 février de la même année, dans un attentat perpétré au Caire en Égypte. Celui-ci avait été attribué, par les autorités locales, à la cellule Jaïch-al-Islam ("L'armée de l'Islam"), un groupe palestinien armé d'obédience salafiste et proche d'Al-Qaïda.
Le rôle d'un certain Farouk Ben Abbes
Au cours de l'enquête, la police égyptienne avait remonté la piste d'un certain Farouk Ben Abbes, un ressortissant belge proche des frères Clain, les jihadistes français ayant revendiqué les attentats du 13 novembre. Certaines informations recueillies par les enquêteurs laissaient penser que ce M. Ben Abbes projetait un attentat contre le fameux établissement de spectacle parisien, mais aussi "une cible israélite" en Seine-Saint-Denis, avec l'aide de deux complices. L'individu avait été arrêté en avril 2009 en Égypte après un séjour de "formation à la confection d'explosifs" à Gaza, dans les rangs du mouvement salafiste précédemment cité. Selon une source proche du dossier, citée par l'AFP, la DGSI aurait indiqué, dès le mois de juin 2009, que Ben Abbes avait lui-même proposé le Bataclan comme cible.
Déjà connu des services antiterroristes français, l'intéressé avait été finalement mis en examen en 2010 en France en raison de ses projets d'attaques, avant d'obtenir un non-lieu le 14 septembre 2012. Christophe Tissier, le juge alors en charge du dossier - qui se trouve être aussi celui menant les investigations sur le 13 novembre - avait considéré que les éléments n'étaient pas suffisants pour confirmer "la réalité d'un projet d'attentat sur le territoire".
Impossible d'établir un lien avec les attentats du 13 novembre
Quelques semaines plut tôt, la Direction générale de la sécurité intérieure avait rapporté une conversation pour le moins troublante entre deux hommes, interceptée sur la messagerie internet MSN le 10 janvier 2009. On y apprenait notamment que l'un des interlocuteurs - lié à M. Ben Abbes selon la note confidentielle de la DGSI - déclarait "tout faire pour savoir où la soirée aurait lieu", ajoutant qu'il "allait faire un carnage et amener des cocktails molotov". Il avait également évoqué les "juifs", expliquant qu'il fallait "les frapper comme ils nous frappent". Quelle est cette mystérieuse soirée dont il parle ? Aucun élément ne permet de le savoir et encore moins d'établir un lien entre cette conversation et le projet dont était soupçonné Ben Abbes.
La note n'a été que partiellement déclassifiée et n'a jamais été transmise à la justice avant l'ouverture de l'enquête sur les attentats du 13 novembre. Toujours sous surveillance, Farouk Ben Abbes était réapparu sur les radars des services dans une note du 7 décembre 2015, laquelle affirmait qu'il projetait un attentat en France avec trois autres personnes, liées à la cellule radicale de Toulouse. Projet qu'il a manifestement abandonné pour se consacrer à un possible départ en Syrie, entraînant une prise de contact avec les frères Clain, croient savoir les policiers. Assigné à résidence dans la Ville rose comme le prévoit l'état d'urgence, l'individu est par ailleurs mis en examen dans le cadre d'une enquête sur le forum de propagande jihadiste Ansar-Al Haqq.