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Bayrou persiste, la CGT vers la sortie: le "conclave" des retraites vacille

François Bayrou a maintenu mardi qu'il ne jugeait "pas possible" tout retour à un âge de départ en retraite à 62 ans, prenant le risque de torpiller le "conclave" des partenaires sociaux, sérieusement affaibli par le départ de l'U2P, une organisation patronale, et celui possible de la CGT.

Thomas SAMSON - AFP

François Bayrou a maintenu mardi qu'il ne jugeait "pas possible" tout retour à un âge de départ en retraite à 62 ans, prenant le risque de torpiller le "conclave" des partenaires sociaux, sérieusement affaibli par le départ de l'U2P, une organisation patronale, et celui possible de la CGT.

Après une première déclaration dimanche qui avait mis le feu aux poudres, le Premier ministre a été appelé à clarifier sa position devant l'Assemblée nationale. Abroger la mesure phare de la réforme de 2023, qui a décalé l'âge légal de départ à 64 ans, "je dis comme citoyen, comme observateur, que ce n'est pas possible", a-t-il réaffirmé avant de recevoir en soirée la CFDT.

Il a cité le récent rapport de la Cour des comptes, selon lequel le déficit du système de retraites atteindra 6,6 milliards d'euros en 2025 et 30 milliards à horizon 2045. L'impossibilité d'un retour à 62 ans, "je suis persuadé que les partenaires sociaux (...) en viendront à une conclusion de cet ordre", a-t-il affirmé.

Les concertations sur les retraites, engagées fin février entre partenaires sociaux et prévues pour trois mois, ont plus que jamais du plomb dans l'aile. Après le départ de Force ouvrière le 27 février, qui avait dénoncé une "mascarade", la CGT a décidé mardi de proposer à ses instances de "quitter les concertations".

- Construire "la mobilisation" -

Dans une lettre interne, la Commission exécutive confédérale "considère que la nature des concertations retraites a changé" depuis les déclarations du Premier ministre et propose à ses instances composant son "parlement" de "(s)'en retirer et de construire de façon offensive la mobilisation". Décision attendue mercredi en soirée.

La CGT estime que "le durcissement des positions" de François Bayrou, "sur injonction du Medef, est inacceptable et verrouille le cadre des concertations".

La prochaine réunion de concertation entre partenaires sociaux est maintenue jeudi à 14H00. CFDT, CFTC et CFE-CGC seront à la table des négociations.

"La CFDT n'abandonnera pas les discussions car la réforme s'appliquerait complètement, sans aucun changement. Or, on veut des réponses sur la pénibilité et sur la question des femmes", a indiqué à l'AFP le numéro deux du syndicat, Yvan Ricordeau, après la rencontre à Matignon.

Pointant un "constat de désaccord sur l'âge" qui pour la CFDT "reste dans les discussions", il a noté que "les règles du jeu ont changé depuis l'intervention du Premier ministre qui a interféré". La CFDT attend de la prochaine réunion, jeudi, qu'elle "reformate la feuille de route" des partenaires sociaux: "En fonction de cela, on verra comment on avance", selon le syndicaliste.

Les numéros un des centrales doivent se parler mercredi à 17H30.

- "Jeu de dupes" -

Côté patronal, l'U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a aussi décidé de claquer la porte mardi voyant dans ces négociations un "jeu de dupes".

"Ce conclave n'(est) pas équilibré", les syndicats et l'opposition politique "ne négocier(ont) rien sans un retour de l'âge de départ en retraite à 62 ans", qui financièrement "est impossible", a expliqué à la presse Michel Picon, son président.

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, le 22 janvier 2025 à Paris

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, le 22 janvier 2025 à Paris

Sebastien DUPUY - AFP/Archives

Dimanche, M. Bayrou a pris une position "courageuse" en refusant ce "retour en arrière", a-t-il encore estimé. Mais le "concert d'effarouchements" qui a suivi, les "déclarations" médiatiques des syndicats comme des partis d'opposition, "nous ont fait dire +on est dans un piège+", a-t-il dit.

Car tout éventuel accord entre syndicats et patronat doit être soumis au Parlement. Et l'U2P a aujourd'hui "acquis la certitude que les équilibres politiques" y aboutiront à un retour aux 62 ans et "une augmentation des charges des entreprises".

Interrogé par l'AFP, le Medef, principale organisation patronale, a dit "partager le diagnostic" de l'U2P sur le contexte actuel, qui "oblige à (se) réinterroger sur le bien-fondé de ce conclave", sans pour autant annoncer son départ.

La CPME, elle, "reste", se disant "toujours aussi volontaire pour arriver à un accord".

od-mep-ito-eva-bat/chl/alu/cbn

Par Elia VAISSIÈRE, Ambre TOSUNOGLU / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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