Reportage de Christine Bouillot
À Moissac, Maurice Andrac se souvient encore de ces nuits de gel en avril. Des nuits où une grande partie de ses 25 hectares de vergers ont été détruit, en particulier la prune. "On n'avait jamais connu ça, même en 91. Il y avait 400 bougies dans les vergers, malheureusement ça n'a pas marché. Les prix de la prune se sont envolés, que je n'ai jamais connu depuis 84 que je suis agriculteur." Pour la prune, septembre reste une saison importante pour les producteurs, mais cette année, avec le gel du printemps dernier, les volumes ne sont pas là. Des récoltes à la baisse et qui demandent plus de travail au producteur comme à Joel Boyer, producteur et expéditeur de la marque Philibon :
"Cela va demander beaucoup d'intervention, de main d'œuvre, de manipulations, beaucoup de déplacements d'échelle. Imaginez, pour aller ramasser cinq prunes en haut de l'arbre, et passer à l'arbre d'après, déplacer l'échelle à la branche d'après pour aller à nouveau ramasser cinq prunes de plus... Un kilo ramassé coûte beaucoup plus cher que la normale."
Une séquence de gel à l origine de la flambées des prix dans les rayons : + 50 % minimum dans le secteur de la prune. Car malgré ce coût de production très cher pour de maigres récoltes, il demeurait important de rester sur les étales pour ne pas injurier l'avenir, explique Maurice Andrac:
"Il aurait presque fallu les laisser sur pied, mais si demain on dit au consommateur qu'il n'y en a pas, il va partir sur des fruits étrangers, et on va perdre des marchés. On a fait cette bétise en 91, et on a mis cinq ans à reprendre le marché. C'est pour ça qu'on a ramassé le peu qu'on avait pour dire: nous sommes là!" - Maurice Andrac , producteur à Moissac en Tarn et Garonne