Dans la rue, à l’école ou en entreprise, le harcèlement sexuel est un phénomène toujours aussi présent dans la société française. Dans un nouveau Dossier Tabou diffusé le 1er octobre prochain, le journaliste Bernard de la Villardière aborde cette question sensible, encore largement passée sous silence aujourd’hui. "Quand j’ai interrogé les jeunes femmes autour de moi, je me suis rendu compte que c’était un vrai sujet, mais qu’elles l’avaient intégré et ne se révoltaient même plus. C’était une sorte de fait de société admis dont on ne parlait plus parce que finalement ça faisait partie de la vie de tous les jours", déplore-t-il au micro de Sud Radio au moment d’évoquer la genèse de ce sujet.
À lire aussi : "Le harcèlement scolaire touche 10% des écoliers et collégiens aujourd’hui"
"Les jeunes de 15 à 20 ans sont parfois extrêmement agressifs"
L’une des parties du documentaire se concentre par ailleurs sur la culture du viol en France, visiblement plus tolérée chez les… jeunes. "On a sollicité quatre filles formidables, de 19 ou 20 ans, qui ont accepté de se vêtir de manière toutes différentes. L’une d’elles est classique (jeune, jean, basket, etc.), une autre plutôt femme d’affaires (tailleur, talons hauts, une autre en tenue sportive (un peu plus moulante), et une autre en tenue délibérément très sexy. Elles ont accepté de se placer rue de la République à Lyon, et on a fait un petit sondage en demandant aux gens qui passaient de mettre un post-it sur les filles jugées les plus provocantes et de dire s’ils étaient choqués. Les réponses sont extraordinaires : on s’aperçoit que les gens de 45, 50 ou 60 ans sont plus tolérants, et que les jeunes de 15 à 20 ans sont parfois extrêmement agressifs", assure-t-il.
À lire aussi : Les femmes victimes de harcèlement sexuel, grandes oubliées des ordonnances travail
"Booba, Orelsan et compagnie"
Bernard de la Villardière évoque par ailleurs les dégâts de "la culture du rap, où les femmes sont traités de putes et de filles faciles", citant notamment "Booba, Orelsan et compagnie". "Évidemment que ça a une influence ! Peut-être pas sur des gens de 25, 30 ou 40 ans, mais sur des gosses de 12 ou 15 ans qui se nourrissent au rap, oui ça a une influence ! Forcément, il y a une responsabilité ! Si je prenais à mon compte à ce micro des choses dites par Booba, Orelsan et compagnie, je serais poursuivi par le CSA... Qu’Orelsan utilise dans une chanson la formule "Marie Trintignée" pour taper une femme, mais c’est scandaleux ! Et il est relaxé au tribunal parce qu’on estime que c’est la liberté d’expression. C’est invraisemblable", regrette-t-il.