À l’occasion de la sortie de son livre, Sur la route des hommes sans nom aux Éditions Grasset, Bernard-Henri Lévy est revenu au micro d’André Bercoff sur le concept d’identitarisme.
Bernard-Henri Lévy : "Ce que je n’aime pas, ce sont les identités hostiles, haineuses"
Dans son livre Sur la route des hommes sans nom, Bernard-Henri Lévy revient sur la question de l’identité. Au travers de ces voyages et de ces reportages, il a décelé deux types d’identités. "Pour moi la vraie question, ce sont les identités ouvertes et accueillantes et les identités fermées et rabougries", explique-t-il à André Bercoff.
Pour illustrer son propos, Bernard-Henri Lévy donne l’exemple des chrétiens de la plaine de Mossoul et notamment celui des moines chrétiens restés dans leur monastère pour tenir la ligne face à Daech. "Je les ai interviewés, des gens admirables. Bien sûr ils sont chrétiens mais est-ce que c’est une identité chrétienne non, ils sont chrétiens, ils sont Kurdes, ils sont Irakiens et ils sont aussi pétris de culture musulmane", décrit-il. Pour lui, il s’agit là d’une identité ouverte.
"Le judaïsme, ce n’est pas une identité, c’est tellement plus riche qu’une identité"
Ainsi, ce que dénonce Bernard-Henri Lévy, ce sont les identités fermées, "hostiles, haineuses que cela soit en France" ou ailleurs. Dans certains pays où il a effectué ses reportages, le philosophe a eu l’occasion de voir cette forme d’identité néfaste, au Nigéria notamment. "Le soldat de Boko Haram ou le tortionnaire Fulani, voilà un identitaire qui crie 'Allah Akbar', qui hait tout ce qui n’est pas lui et qui découpe à la machette ses victimes. Ça c’est une identité terriblement sombre."
Interrogé sur Israël, Bernard-Henri Lévy estime qu’en aucun la nation israélienne ne peut être taxée d’identitarisme, au contraire. "Le judaïsme ce n’est pas une identité, c’est tellement plus riche qu’une identité. Être juif, comme dit Emmanuel Levinas, c’est au contraire ‘se faire l’otage de l’autre’, c’est s’ouvrir et donner hospitalité en soi à l’autre. Israël, c’est l’État des Juifs mais c’est aussi un État multi-ethnique", explique-t-il ajoutant qu’en 1948, ceux qui fondent Israël viennent de partout dans le monde. "Avec des cultures, des ethnies, des langues différentes, très peu parlent hébreux, ils décident de former une nation, c’est un geste sublime. C’est le geste du contrat social de Rousseau", estime-t-il.
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