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Bétharram: Bayrou affirme n'être "jamais" intervenu et charge le gouvernement Jospin

Toujours aux prises avec l'affaire des violences à Notre-Dame-de-Bétharram, François Bayrou a martelé mardi n'être "jamais" intervenu, "ni de près ni de loin", auprès de la justice et a contre-attaqué en visant le gouvernement de Lionel Jospin, au pouvoir à la fin des années 1990.

JULIEN DE ROSA - AFP

Toujours aux prises avec l'affaire des violences à Notre-Dame-de-Bétharram, François Bayrou a martelé mardi n'être "jamais" intervenu, "ni de près ni de loin", auprès de la justice et a contre-attaqué en visant le gouvernement de Lionel Jospin, au pouvoir à la fin des années 1990.

Comme la semaine dernière, le Premier ministre a été soumis aux questions de l'Assemblée nationale sur son degré de connaissance et d'implication dans ce dossier qui concerne un collège-lycée catholique des Pyrénées-Atlantiques, près de Pau, où il a scolarisé plusieurs de ses enfants.

Celui qui a été ministre de l'Education de 1993 à 1997 a déjà dit n'avoir "jamais été informé" dans le passé des agressions sexuelles et viols dont sont soupçonnés des membres de l'établissement sous contrat entre les années 1970 et 1990. Il a aussi expliqué avoir diligenté une inspection générale dès qu'il a appris, en 1996, le dépôt d'une première plainte d'un élève, giflé violemment par le surveillant général.

Mais plusieurs députés, notamment l'élu de La France insoumise Paul Vannier, l'accusent d'avoir menti devant la représentation nationale.

Le Premier ministre François Bayrou à l'Assemblée nationale, à Paris, le 18 février 2025

Le Premier ministre François Bayrou à l'Assemblée nationale, à Paris, le 18 février 2025

JULIEN DE ROSA - AFP

Dans un témoignage diffusé dimanche dans le magazine "Sept à Huit", sur TF1, le gendarme chargé de l'enquête sur le père Carricart, ex-directeur de l'institution accusé de viol en 1998, a évoqué une "intervention" de François Bayrou auprès de la justice à l'époque, alors qu'il était député et président du Conseil général.

"De quelle nature et de quelle forme, je n'en sais rien", reconnaît toutefois mardi ce gendarme, Alain Hontangs, dans le journal La République des Pyrénées.

Le juge qui enquête sur le viol en 1998 a aussi relaté dans plusieurs médias que François Bayrou avait "fait la démarche de venir" le voir lorsque le prêtre était en détention.

Ce juge d'instruction, Christian Mirande, "c'est mon voisin depuis 50 ans", a répondu mardi le Premier ministre, qui est toujours maire de Pau, lors d'une question de la députée socialiste des Pyrénées-Atlantiques Colette Capdevielle.

"Est-ce que nous avons pu parler avec le juge Christian Mirande de cette affaire? Sans doute oui", mais "on a pu parler de l'ambiance, on a pu parler de l'établissement, jamais du dossier", a ajouté François Bayrou.

Quant au procureur général, "je ne le connais pas", et "il n'a eu aucune communication" avec "qui que ce soit sur ce dossier", a-t-il aussi assuré.

- "D'autres savaient" -

Le chef du gouvernement a alors renvoyé la balle dans le camp du gouvernement du socialiste Lionel Jospin, qui avait succédé à celui dont il fut ministre de l'Education.

"Si je ne savais pas, d'autres savaient. Parce que j'affirme devant vous, et vous le vérifierez, que le procureur général, lui, a tenu informée la Chancellerie sur ces affaires à quatre reprises dans l'année 1998. Il l'a fait téléphoniquement le jour de l'incarcération et il l'a fait ensuite à trois reprises par écrit, en signalant la gravité des faits", a dit le Premier ministre.

Il a rappelé ensuite, en la citant nommément, que la ministre de la Justice était alors Elisabeth Guigou.

Les signalements écrits, que l'AFP s'est procurés, sont datés de 1998 et 2000, et préviennent d'une possible affaire de grande ampleur au sein de l'établissement. Le procureur justifie son premier courrier par la renommée régionale de l'établissement, et "l'émotion" suscitée par l'incarcération de son ancien directeur.

Et "quand j'étais au gouvernement, il ne pouvait pas y avoir un signalement aussi important sans que le ministre de l'Education nationale ne soit averti", a-t-il poursuivi, nommant le titulaire de l'époque, Claude Allègre, récemment décédé, et sa ministre déléguée à l'Enseignement scolaire, Ségolène Royal.

"Je pose la question à mon tour: qu'est-ce qui a été fait après les signalements du procureur général pour que soient entreprises les démarches que vous recommandez?", a-t-il demandé devant les députés.

Ségolène Royal s'est immédiatement dite "scandalisée par les attaques du Premier ministre", en publiant sur le réseau X ses instructions d'août 1997 sur les "violences sexuelles" dans les établissements scolaires. "J'envisage une action en dénonciation calomnieuse", a-t-elle prévenu.

"M. Bayrou nous a servi la quatrième version des faits" en une semaine, a déploré Paul Vannier sur BFMTV. "C'est un menteur multirécidiviste", "chacune de ses nouvelles déclarations dévoile le mensonge des précédentes", a-t-il dénoncé, appelant à nouveau à la démission du chef du gouvernement.

Par Francesco FONTEMAGGI / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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