Accusé par la gauche d'avoir menti sur sa connaissance des violences et agressions sexuelles au collège-lycée de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), qui a été fréquenté par plusieurs de ses enfants, François Bayrou va rencontrer samedi à Pau le collectif des victimes.
La rencontre aura lieu à 11h45 à la mairie de Pau dont le Premier ministre est resté maire. Face à un dossier de plus en plus embarrassant, le gouvernement a aussi demandé vendredi au rectorat une inspection de l'établissement catholique sous contrat avec l'Etat.
L'entretien avec les victimes se tiendra quelques jours avant une motion de censure socialiste contestant les récents propos du Premier ministre sur l'immigration.
Le parquet de Pau mène l'enquête depuis un an sur plus d'une centaine de plaintes visant des violences physiques, agressions sexuelles et viols qui auraient été commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram entre les années 1970 et 1990.
Le chef du gouvernement a déjà échangé au téléphone mercredi avec le porte-parole des victimes Alain Esquerre, qui lui reprochait de "n'avoir pas eu un mot" pour les personnes concernées depuis le début de l'affaire en 1996.
M. Bayrou lui a demandé "comment il pouvait les aider", selon son entourage.
![Francois Bayrou et Patrick Mignola lors d'une session de questions au gouvernment à l'Assemblée nationale le 12 février 2025.](https://www.sudradio.fr/wp-content/uploads/2025/02/2a6dad71a64fa091944d4a869addf41e633c6615.jpg)
Francois Bayrou et Patrick Mignola lors d'une session de questions au gouvernment à l'Assemblée nationale le 12 février 2025.
Bertrand GUAY - AFP
Le représentant des victimes, administrateur d'une page Facebook des "anciens du collège et lycée de Bétharram victimes de l'institution", a expliqué sur la radio Ici Béarn Bigorre lui avoir demandé d'"allouer davantage de moyens au parquet de Pau" pour cette affaire, et de faire des violences sexuelles "une priorité nationale".
- "Affaire politique" -
"Je lui ai dit que c'est ce que j'attendais d'un Premier ministre, et certainement pas de dire que tout est faux", a poursuivi M. Esquerre.
François Bayrou a "récusé" mercredi tout mensonge, parlant de "polémiques artificielles".
![Des membres de l'associations Mouv'Enfants avec des pancartes durant une manifestation contre les agressions soupçonnées au collège-lycée de Bétharram, le 12 février 2025.](https://www.sudradio.fr/wp-content/uploads/2025/02/fba636f74efe27a4aeb0428ec214df42766859e8.jpg)
Des membres de l'associations Mouv'Enfants avec des pancartes durant une manifestation contre les agressions soupçonnées au collège-lycée de Bétharram, le 12 février 2025.
Philippe LOPEZ - AFP
Mardi, il avait affirmé qu'il n'avait "jamais à cette époque, été averti (...) des faits qui ont donné lieu à des plaintes ou à des signalements".
François Bayrou était ministre de l'Éducation entre 1993 et 1997, puis député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général les années suivantes. Certains de ses enfants ont été scolarisés dans cet établissement où sa femme a enseigné le catéchisme.
Le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, a accusé vendredi sur franceinfo La France insoumise de monter l'affaire en épingle "en mélangeant les dates et en expliquant que, puisqu'il aurait pu savoir plus tard, il devait savoir avant".
- Aucun contrôle -
Le ministère de l'Education nationale, qui n'a "à ce stade" pas retrouvé de traces de contrôle de cet établissement dans le passé malgré de nombreuses plaintes, a ordonné vendredi soir au rectorat de Bordeaux de mener une inspection de Betharram.
Dans un communiqué, le ministère "rappelle qu'une circulaire datant de juin 2024 demande aux recteurs de renforcer les contrôles" des établissements privés sous contrat "dans le cadre d’une stratégie pluriannuelle", adoptée après un rapport parlementaire sur le financement public, qui pointait une certaine opacité.
Parallèlement, La France insoumise et les écologistes maintiennent la pression.
Le député Paul Vannier a demandé à la ministre de l'Education Elisabeth Borne de "diligenter une mission de l'Inspection générale" et sa requête de création d'une commission d'enquête parlementaire sur le contrôle des établissements scolaires privés sera examinée mercredi.
Un autre député LFI, Jean-François Coulomme, a annoncé sur X avoir saisi la justice pour "non-dénonciation" de mauvais traitements ou d'agressions sexuelles sur mineurs.
Le groupe des écologistes à l'Assemblée a demandé vendredi l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire pour faire la "lumière" sur les violences commises au sein du lycée et l'absence de traitement des signalements.
En avril 1996, une plainte avait dénoncé les violences physiques d'un surveillant à Bétharram sur un enfant de la classe d'un des fils de M. Bayrou.
Puis en mai 1998, un prêtre, ancien directeur de l'institution, avait été mis en examen et écroué pour viol, avant d'être retrouvé mort en février 2000. Le juge chargé de ce dossier a relaté dans plusieurs médias que François Bayrou avait "fait la démarche de venir (le) voir lorsque le prêtre était en détention".
"Il était inquiet au regard du fait qu'un de ses fils était scolarisé" à Bétharram et "disait qu'il ne pouvait pas croire que le père Carricart avait fait ce qu'on lui reprochait".
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Par Anne RENAUT / Paris (AFP) / © 2025 AFP