C’est un rapport qui, comme bien souvent, devrait beaucoup faire réagir pro et anti-nucléaires. L’ONG Greenpeace publie ce mardi une étude pointant la sécurité défaillante des centrales du parc nucléaire français. Un constat que réfute Bruno Comby, ingénieur en génie nucléaire et président de l’association Écologistes pour le nucléaire. Ce dernier était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce mardi.
"Nos centrales ont été construites en tenant compte du risque d’attentat terroriste et notamment du plus important : la chute d’avion sur un réacteur. Ce sont les seules installations industrielles qui ont prévu ce risque et qui sont protégées, alors que beaucoup d’autres installations sensibles avec du gaz ou des produits chimiques extrêmement toxiques ne sont, elles, pas aussi bien protégées. Bien sûr, le risque terroriste existe et il faut s’en protéger. Dans le nucléaire, ça a été pris en compte dès le départ", déclare-t-il d’emblée.
"On nous invente des scénarios"
Alors que le rapport de Greenpeace souligne notamment le fait que les piscines de refroidissement seraient bien moins protégées que les réacteurs eux-mêmes, Bruno Comby ne nie pas ce constat, bien au contraire. "Il y a une très bonne raison à cela ! Quand il est dans le réacteur, le combustible est hautement radioactif. Il se dégage 1000 MW de puissance dans un réacteur en fonctionnement, et une fois qu’on décharge le combustible il se refroidit très rapidement à une puissance 1000 fois plus faible. Comme il y a 1000 fois moins de puissance thermique qui se dégage, il n’y a pas besoin de prendre autant de précautions. Si les réacteurs n’étaient pas mieux protégés que les piscines, ces gens hurleraient dans l’autre sens…", réplique-t-il.
L’écologiste pro-nucléaire remet également en cause l’impartialité totale de cette étude. "Ce rapport a été rédigé par sept experts choisis et désignés par Greenpeace, et on sait le penchant antinucléaire et pro-scénarios catastrophes de Greenpeace. Rien de bien nouveau là-dedans. Comme l’industrie nucléaire est une industrie très sûre où il n’y a pas d’accidents graves – du moins en France –, on nous invente des scénarios selon lesquels cela pourrait arriver. Jusqu’à présent ça n’est pas arrivé. Il est dans l’ADN de Greenpeace de faire des scénarios catastrophistes. Heureusement, ces scénarios ne se produisent pas, et il faut bien entendu continuer à y veiller", déclare-t-il.
Réécoutez ici en podcast l’interview de Bruno Comby dans le Grand Matin Sud Radio