Les ministres chargés du Budget ont poursuivi mardi leurs échanges politiques sur le budget de l'Etat pour 2025, mais le PS a annulé une réunion avec le gouvernement, compliquant la perspective d'un compromis deux jours avant une conciliation cruciale entre députés et sénateurs.
Jusqu'au dernier moment, M. Lombard et sa collègue des Comptes publics Amélie de Montchalin s'efforcent de bâtir le budget de "compromis" souhaité par le Premier ministre François Bayrou pour ne pas connaitre le même sort que son prédécesseur, censuré le 4 décembre.
Il s'agit de donner suffisamment de gages aux oppositions de gauche comme de droite, tout en respectant les desiderata du socle commun, en l'absence de majorité à l'Assemblée nationale. Car de l'aveu même du gouvernement, le texte budgétaire voté jeudi par le Sénat est insuffisamment arrangeant, même s'il remplit la condition de réduire le déficit public.
Mais la tâche relève du parcours d'obstacles pour le gouvernement. Après les propos du Premier ministre sur la "submersion" migratoire, le Parti socialiste a indiqué avoir annulé une réunion prévue mardi avec le gouvernement pour trouver un accord en vue de la commission mixte paritaire (CMP), instance de sept députés et sept sénateurs qui devra chercher un texte de compromis jeudi.
François Bayrou a maintenu à l'Assemblée l'idée d'une "submersion" migratoire à Mayotte et dans plusieurs autres départements français, des propos qu'il avait tenus lundi soir sur LCI et qui ont choqué la gauche en pleine tractation entre le gouvernement et les socialistes sur une non-censure.
"Ce qui s'est passé cet après-midi ne va pas dans le sens d'un accord de non-censure", a déclaré le député socialiste Laurent Baumel devant la presse.
- Concessions -
En matinée, le ministre de l'Economie Eric Lombard avait reçu, à Bercy, les communistes ainsi que le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, l'Insoumis Eric Coquerel.
Afin de s'assurer du soutien des partis, François Bayrou avait confirmé lundi plusieurs concessions, faites notamment aux socialistes dont le soutien est vital pour la survie du gouvernement et qui estimaient que le compte n'y était toujours pas après une nouvelle consultation le week-end dernier.
Il a rappelé l'abandon, réclamé par le PS, de la suppression de 4.000 postes d'enseignants et, à l'attention de la droite et du centre, l'absence de nouvel impôt sur les ménages. Les très hauts revenus et les grandes entreprises seront toutefois mis à contribution.
Le chef du gouvernement a également écarté la piste des sept heures de travail non rémunérées avancée par le Sénat dans le cadre du budget de la Sécurité sociale, un autre irritant pour les socialistes et certains macronistes.
Ces concessions interviennent alors que les débats ont repris lundi en commission à l'Assemblée sur les comptes de la Sécurité sociale (PLFSS). Et surtout avant une réunion capitale de plusieurs heures jeudi de la CMP.
"Le moment est grave parce qu'on a un rendez-vous démocratique qui peut nous doter ou non d'un budget", a déclaré mardi Eric Lombard devant des membres de l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef).
- "Curseurs qui bougent" -
Durant cette CMP, "il peut y avoir des curseurs qui bougent" sur les coupes budgétaires et les recettes, a indiqué Eric Lombard, soulignant que sa "responsabilité" était de veiller à ce que le texte commun aboutisse bien à un déficit public de 5,4% du PIB comme visé par le gouvernement.
Les conclusions éventuelles de la CMP seront examinées lundi à l'Assemblée nationale, selon une source parlementaire, avant le début de l'examen du PLFSS.
François Bayrou pourrait à cette occasion déclencher pour la première fois l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le texte sans vote, s'exposant ainsi à une nouvelle motion de censure des Insoumis.
Le Sénat pourrait lui se prononcer définitivement sur le budget de l'Etat le 7 février.
Lors d'une conférence de presse, le président de la commission des Finances Eric Coquerel a dit craindre que le budget ressorte encore "plus austéritaire".
"Je ne pense pas que le repas soit plus digeste aujourd'hui qu'il ne l'était le 4 décembre avec Barnier", a abondé le député communiste Nicolas Sansu.
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Par Martine PAUWELS / Paris (AFP) / © 2025 AFP