Des sanitaires apparaissent à quelques kilomètres du centre-ville de Calais. Ce sont les premiers éléments du dispositif d'aide aux migrants imposés par le Conseil d'État. Dix toilettes et cinq robinets ont ainsi été installés route de Saint-Omer, à côté des locaux du Secours Catholique.
Une zone où vivent, selon les sources, entre 450 et 700 migrants. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, "des latrines, des citernes d'eau et des points d'eau" seront également prochainement installés rue des Verrotières, dans un autre quartier périphérique de la ville, non loin de la rocade menant au port.
Pour les autorités, le choix des implantations devait notamment répondre à "une considération importante", celle d'éviter "la reconstitution de campements à travers" ces installations. C'est ce qu'a indiqué le préfet du Pas-de-Calais, Fabien Sudry, en référence à la Jungle de Calais, démantelée à l'automne et qui avait compté jusqu'à 7000 personnes, selon les chiffres officiels.
Le 31 juillet, le Conseil d'État a confirmé l'ordonnance du tribunal administratif de Lille, qui avait ordonné à l'État et à la commune la mise en place de mesures pour venir en aide aux migrants, comme la création de points d'eau et de sanitaires. Cette injonction a donné lieu à des dissonances entre élus locaux et représentants de l'État. La maire LR de Calais, Natacha Bouchard, avait annoncé qu'elle n'y répondrait pas, tandis que le préfet du Pas-de-Calais avait affirmé que ce dispositif serait "sous la responsabilité publique".
Un dispositif "minimaliste"
"Le dispositif mis en place est minimaliste. Moins que ça, c'est impossible. Cinq robinets en plein air pour 600 personnes, ce n'est pas sérieux", a dénoncé Vincent de Coninck, chargé de mission du Secours Catholique dans le Nord-Pas-de-Calais.
"L'interprétation qui est faite de l'ordonnance du Conseil d'État et de la décision du tribunal administratif nous inquiète. On espère que ce n'est qu'un premier pas, qui est largement insuffisant", a-t-il insisté.
Saisi par onze associations et une cinquantaine de migrants, le tribunal avait également enjoint au préfet d'organiser, à destination des migrants qui le souhaitent, des départs depuis la commune de Calais vers les centres d'accueil et d'orientation ouverts sur tout le territoire français, dans lesquels des places sont disponibles.
Les autorités ont ainsi annoncé, en juillet, l'ouverture dans les Hauts-de-France de deux centres d'accueil et d'évaluation des situations, assurant la mise à l'abri des migrants, l'évaluation sous huit jours de leur situation administrative et leur orientation immédiate vers les lieux adaptés à leur situation. Ces deux centres ont ouvert leurs portes et accueilli, depuis, une bonne centaine de migrants amenés depuis la Côte d'Opale.