Souvent méconnues, les femmes agricultrices ont cependant beaucoup à apporter au milieu auquel elles appartiennent. C’est ce qu’essaie de transmettre Camille Beaurain, agricultrice et auteur, avec Antonio Rodriguez, de « Agricultrice, une vie à part », aux éditions Robert Laffont.
"Il faut être respectueux des femmes agricultrices"
"On vit en autarcie, au contact de la nature", explique l'auteure qui rappelle que "les agriculteurs sont dépendants de leur métier par rapport à l’élevage, à la terre, c’est une vie totalement différente des personnes salariées". Malgré des conditions parfois difficiles, elle l'affirme : "Je ne retournerai pas en ville". N’étant pas issue de ce milieu, Camille Beaurain a d’abord dû faire face à un "choc des cultures". Cependant, après "dix ans à la campagne, avec le premier supermarché à dix kilomètres", l’agricultrice préfère, pour sa vie quotidienne, conserver "un pied dans les champs".
L’ancienne agricultrice décrit sa vie comme "une activité très prenante, surtout comme quand on fait de l’autoconsommation". "Il faut être respectueux des femmes agricultrices, je trouve ça magnifique quand des femmes décident d’arrêter leur métier et reprennent une exploitation", confie celle qui s’est "battue pour garder cette place" qu’elle avait obtenue grâce à son mari.
Un métier qui "fait grandir"
"Je fais tout pour être acceptée, j’ai encore beaucoup de travail pour être acceptée à 100%", reconnaît l'auteure qui relate les épreuves tant humaines que judiciaires subies depuis le suicide de son mari. "Je suis partie en justice contre mon ex-belle-famille pour garder les terres de mon mari, psychologiquement c’est difficile", admet-elle, affirmant comprendre finalement le geste de son mari. "Mon mari n’était pas bien dans sa tête pour avoir fait ce geste, mais c’est normal vu la pression administrative et judiciaire", décrit Camille Beaurain.
Il faut rappeler "qu'il y a un à deux suicides d’agriculteur par jour", insiste-t-elle. Mais c'est une image positive de l’agriculture que l'auteure souhaite montrer. "Il y a aussi beaucoup de choses belles dans notre métier", affirme-t-elle, notamment "le contact de la nature, voir des animaux donner la vie : il n’y a rien de plus beau". Autre point positif, "nous somme nos propres patrons. Même si nous sommes tenus par l’intensité du travail et même si on ne choisit pas les prix, nous organisons seuls notre exploitation", explique l’agricultrice, qui en tire le principal effet : "ça fait grandir".