Vie quotidienne, vie de famille, problèmes… Camille Beaurain porte dans son livre le témoignage d’une jeune femme qui, à 24 ans, a connu un drame malheureusement trop fréquent dans nos campagnes. Son mari, agriculteur, a mis fin à ses jours. Un paysan se suicide tous les deux jours en France. Un chiffre répété à longueur d’année, lorsqu’un drame est médiatisé ou touche les environs de sa commune, mais qui n’atteint pas assez l’opinion publique pour que le problème soit pris à bras le corps. Camille Beaurain "en veut à un système administratif et politique trop compliqué". Elle témoigne : "On est étouffé par les contrôles". 5% des dossiers PAC sont en effet contrôlés chaque année. "C’est un piège, une contrainte pour les agriculteurs obligés de toujours prouver et montrer tous les papiers nécessaires", déplore-t-elle.
Un métier de passionnés
Veuve d’un éleveur dans une exploitation raisonnée, un petit élevage familial, Camille Beaurain assure que le métier d’agriculteur est "avant tout une passion". "Ils nous poussent à produire de plus en plus, à devenir un élevage intensif. Ce n’est pas ce que les éleveurs souhaitent", rapporte-t-elle, avant de continuer. "Les éleveurs souhaitent vivre de leur métier sans maltraiter leurs animaux. Nous sommes choqués par les vidéos tournées dans les abattoirs. Nous aimons nos animaux", lance Camille Beaurain.
Dans son livre, Tu m’as laissée en vie, co-écrit avec le journaliste Antoine Jeandey, Camille Beaurain témoigne de la vie rude dans le métier. "En dix ans, nous ne sommes montés qu’une seule fois à Paris, nous n’avons pas fait de voyage de noces", confesse-t-elle. Elle raconte même le jour de son mariage, où son mari, au petit matin était "parti faire les cochons" avant d’y retourner dès le lendemain matin. "C’est une pression quotidienne, un métier prenant, il n’y a plus de vie privée".
Une chute des prix et des subventions insuffisantes
Économiquement, c’est difficile également pour les éleveurs, et particulièrement dans son élevage, les prix du cochon ayant considérablement baissés. "À un moment, on était très bien, mais l’invasion de rats a affecté notre élevage. Au moment où ça s’est résorbé, le prix s’est effondré". De 1,50 euro le kilo, le cochon n’en coûtait plus qu’un euro. Une perte de 50 à 80 euros par porc, pouvant atteindre des milliers d’euros par an.
Ce ne sont pas les subventions qui peuvent les aider au fil de l’année. "On touche la PAC par rapport aux hectares et la taille de l’élevage", explique Camille Beaurain qui, pour sa part "ne touchait que pour les terres et non pour l’élevage". Elle souhaite corriger les esprits mal informés. "Les gens pensent que nous touchons des millions de la PAC, mais c’est faux, c’est valable que pour les gros céréaliers". La PAC n’arrivant qu’une fois par an, reste onze mois pour trouver comment payer les factures et toutes les charges qui pèsent sur le budget de l’exploitation.
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