Camille Beaurain explique au micro de Sud Radio qu’aujourd’hui, elle est "installée, depuis fin mars 2021". "J’ai fait ma première moisson cet été, je suis céréalière à 100%", explique l'auteure de Agricultrice, une vie à part. "J'ai arrêté l’élevage quelques mois après le décès de mon mari. Ce n’était pas possible de continuer sans lui, c’est une charge de travail trop importante", explique Camille Beaurain.
"C’était mon choix de continuer les terres, pour qu’elles ne partent pas à des agriculteurs qui n’en avaient pas forcément besoin", explique Camille Beaurain. "Aujourd’hui j’ai du blé, du colza, de l’escourgeon et du maïs pour l’année prochaine". "C’est un choix que j’ai fait et que je ne regrette pas, je me suis battue pendant quatre ans pour avoir la place que j’ai aujourd’hui", juge-t-elle. "Il n’empêche que le combat continue toujours pour les autres qui essayent de s’en sortir", ajoute l’agricultrice.
Camille Beaurain : "Le prix est bien mais il ne faut pas oublier que les dépenses sont grandes"
"J’ai 50 hectares, tout en location, je paie un fermage au propriétaire", raconte l’agricultrice auteure de Tu m’as laissée en vie : Suicide paysan, veuve à 24 ans. "Là ça va commencer dès ce mois-ci jusque fin janvier", continue-t-elle. "Il y a des agriculteurs qui s’en sortent très bien et fort heureusement, mais il y en a pour qui c’est très difficile. Moi je m’en sors dans le sens ou je travaille à côté. J’ai un salaire qui rentre en dehors de mon exploitation. Je paie des gens qui travaillent pour moi et je ne suis pas sur place tout le temps", ajoute-t-elle.
"Les prix sont là". "Il faut déjà que l’agriculteur ait le choix de pouvoir vendre son blé, parce que la COP se prélève avant. Le prix du blé est assez élevé en ce moment, mais il est très variable", juge l’auteure de Agricultrice, une vie à part. "Aujourd’hui, le prix est bien mais il ne faut pas oublier que les dépenses sont grandes", précise Camille Beaurain. "Le fioul pour mettre dans les tracteurs est excessivement cher en ce moment, pour 1.000 litres, il faut compter quasiment 1.000 euros. Même au niveau de l’Azote pour épandre dans les champs, c’est excessivement cher".
L'administratif est un "poids" supplémentaire vraiment "très dur"
"On peut se dire : il faut qu'ils arrêtent de se plaindre, le blé est à ce prix là, le lait est à ce prix là, la viande est à ce prix là, etc.", juge l’agricultrice. "Mais il faut penser que les fois où les cours étaient très bas, ils n’ont pas pu mettre de trésorerie de côté", continue-t-elle. "C’est une chaîne qui se casse à un moment donné et c’est compliqué de remettre en place quelque chose qui roule". "Mon cri d’alerte, c’est le manque d’accompagnement qu'ont les agriculteurs aujourd’hui", explique l’auteure de Agricultrice, une vie à part.
"Auprès de mon mari, je l’ai surtout secondé sur l’administratif qui était vraiment un travail énorme", explique Camille Beaurain. "Dans l’élevage, il y en a encore plus. Nous on était en truies, naisseurs et engraisseurs. Il fallait marquer quelle truie on inséminait, combien de doses elle avait eues, à quel moment, etc... C’est un travail monstrueux". "Je l’ai vécu encore dans mon installation parce qu’il y a beaucoup de paperasses à faire". Pour Camille Beaurain, l’administratif impose aux agriculteurs de "toujours se justifier". "Je pense que cela ajoute un poids qui est vraiment très dur".
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